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L’enclos qui se revêtira bientôt de verdure n’est pas grand, mais il y a à côté plusieurs petits enclos pareils, — ce qui forme une vue large sur l’espace. Les oiseaux de là-bas viennent se poser sur les arbres ici. Les lilas d’ici embaument l’air de là-bas. La chenille qui vit le jour dans le troisième jardinet là-bas, peut devenir chrysalide dans le jardin voisin et papillon ici — dans le jardin de George Sand. C’est comme un petit coin de nature en mosaïque, formé de tous les enclos, un paysage fait à la Fourier, un phalanstère naturel. Et je vois qu’il y a à Paris des endroits où l’on peut, sinon devenir poète, au moins en rester un, si on l’est déjà. La concierge comprit parfaitement l’intérêt qu’éveillait en moi cet endroit et ne m’empêcha pas de rester un peu longuement au jardin. Les jalousies étaient baissées. C’est là qu’habitait un cœur malade. Au milieu de la cohue parisienne, un petit enclos paisible pour y aimer, y écrire et y mépriser le monde ! Oui, c’est une grande chose que la puissance morale d’un homme, lorsqu’elle est secondée par la nature. A la face des monts, à la face de la mer, même à l’ombre bruissante des quelques tilleuls à travers lesquels brille la lune, — on a plus d’audace que dans un salon où règne la médisance. Je me représentai cet enclos idyllique par une nuit étoilée et tout couvert de fleurs printanières, et je compris l’esprit qui pénètre ’les écrits de cette femme célèbre. Je compris son courage à lutter contre les verdicts du monde. Je compris que parfois le voisinage de la Divinité nous fait oublier l’absence des hommes. Je regardais tout autour de moi, profondément ému dans l’âme ; je sentais que même ceux qui n’aiment pas, qui attaquent George Sand, que même eux, ils auraient vénéré le triomphal silence qui l’entoure. Mais ce qui n’aurait été pour eux qu’affaire de curiosité était pour moi un acte de piété…

M. Louis de Loménie, le critique connu qui faisait alors paraître une série de biographies d’hommes célèbres sous le modeste titre : « Les contemporains illustres, par un homme de rien », et dont l’interview avec Mme Sand sera cité plus loin, visita la rue Pigalle quelques mois avant Gutzkow, probablement dans l’hiver de 1840-1841 ou à l’automne de cette dernière année et c’est ainsi qu’il décrit la maison même de George Sand.

… J’arrive du fond de la Chaussée d’Antin dans une rue silencieuse et solitaire que je ne vous nommerai pas par la raison que je ne suis pas le « Dictionnaire des vingt-cinq mille adresses » ; j’entre dans une maison de belle apparence ; on me conduit dans un jardin ; au fond de ce jardin, à droite, on m’indique un petit pavillon isolé ; je frappe à la petite porte de ce petit pavillon, on m’ouvre, on me fait monter