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L’AMI FRITZ.

l’autre côté de la montagne était éblouissant de lumière. Hâan paraissait rêveur ; Fritz penchait la tête, s’abandonnant pour la première fois aux sentiments de tendresse et d’amour qui, depuis quelque temps, faisaient invasion dans son âme. Il fermait les yeux, et voyait passer devant ses paupières rouges, tantôt l’image de Sûzel, tantôt celle de la pauvre enfant de Wildland. Le percepteur, très-attentif à conduire au milieu des roches et des ornières, ne disait mot.

À cinq heures, la voilure roulait dans le chemin sablonneux de Tiefenbach. Hâan, regardant alors Kobus, le vit comme assoupi, la tête ballottant doucement sur l’épaule ; il alluma sa grosse pipe et laissa courir. Une demi-lieue plus loin, pour couper au court, il mit pied à terre, et, conduisant Foux par la bride, il prit le chemin escarpé du Tannewald. Fritz resta sur le siège ; il ne dormait pas, comme le croyait son camarade, et s’abandonnait à ses rêves… jamais il n’avait tant rêvé de sa vie.

Cependant la nuit descendait sur les bois, le fond des vallées s’emplissait de ténèbres ; mais les plus hautes cimes rayonnaient encore.

Après une bonne heure de marche ascendante, où Foux et Hâan s’arrêtaient de temps en temps pour reprendre haleine, la voiture atteignit enfin