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L’AMI FRITZ.

Un petit homme, au nez de pie tourné à la friandise, les cheveux blond filasse aplatis sur le front, et les yeux bleu faïence, venait de s’avancer sur la porte, et disait :

« Hé ! hé ! hé ! monsieur Hâan, vous arrivez deux jours plus tôt que l’année dernière.

— C’est vrai, Schnéegans, répondit le gros percepteur ; mais je vous ai fait prévenir. Vous avez, bien sûr, ordonné les publications ?

— Oui, monsieur Hâan, le beutel[1] est en route depuis ce matin ; écoutez… le voilà qui tambourine justement sur la place. »

En effet, le roulement d’un tambour fêlé bourdonnait alors sur la place du village. Kobus s’étant retourné, vit, près de la fontaine, un grand gaillard en blouse, le chapeau à claque sur la nuque, la corne au milieu du dos, le nez rouge, les joues creuses, la caisse sur la cuisse, qui tambourinait, et finit par crier d’une voix glapissante, tandis qu’une foule de gens écoutaient aux lucarnes d’alentour :

« Faisons savoir que M. l’einnehmer[2] Hâan est à l’auberge du Cheval-Noir, pour attendre les contribuables qui n’ont pas encore payé, et qu’il attendra jusqu’à deux heures ; après quoi, ceux qui

  1. L’appariteur.
  2. Le percepteur.