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corps, inerte et sans volonté, que vous lui devez, c’est votre sourire aussi et toutes vos grâces, et tout le charme de votre esprit de femme bien élevée et d’artiste. Et peu importe qu’il vous fasse souffrir, vous ne devez rien laisser paraître de votre souffrance. »

Ces paroles sévères de ma mère, auprès de qui, excédée, j’avais demandé de retourner passer la nuit, après cette triste promenade, bourdonnent à mes oreilles, tandis que, le cœur gonflé, je monte l’interminable escalier de granit qui mène au temple en fête, où je sais que Pierre doit finir sa soirée seul avec Yves.

J’ai pris avec moi mon petit frère, comptant sur lui pour m’aider à trouver grâce. Yves, qui le premier m’a distinguée dans la foule, ne m’a pas été inutile non plus. Je me suis faite bien humble et Pierre a poussé la condescendance jusqu’à permettre que le petit, qui ne voulait plus me quitter, remontât avec nous à la maison.



1er Septembre. — Les jours suivent les nuits, les nuits suivent les jours, sans apporter grand changement dans notre manière de vivre. Tout en cherchant à m’étourdir, je m’ingénie à trouver les choses qui ne le fatiguent pas trop. Nous avons dans notre voisinage de très jolis enfants. Me souvenant du succès qu’avaient obtenu auprès de lui les mines de mon petit frère, je les attire chez nous. Il s’en amuse un instant comme de la musique que je fais encore par-