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rables de notre ordre et ministres de notre culte, vous ne feriez jamais prononcer devant vous cette formule d’un engagement éternel que Dieu seul peut ratifier, et qui, consacré par des hommes, est une sorte de profanation du plus divin de tous les mystères. Quelle force pouvez-vous donner à un engagement qui, par lui-même, est un miracle ? Oui, l’abandon de deux volontés qui se confondent en une seule est un miracle ; car toute âme est éternellement libre en vertu d’un droit divin. Et pourtant, lorsque deux âmes se donnent et s’enchaînent l’une à l’autre par l’amour, leur mutuelle possession devient aussi sacrée, aussi de droit divin que la liberté individuelle. Vous voyez bien qu’il y a là un miracle et que Dieu s’en réserve à jamais le mystère, comme celui de la vie et de la mort…

Arrière donc les serments sacrilèges et les lois grossières ! Laissez leur l’idéal, et ne les attachez pas à la réalité par les chaînes de la loi. Laissez à Dieu le soin de continuer le miracle. Préparez les âmes à ce que ce miracle s’accomplisse en elles, formez-les à l’idéal de l’amour ; exhortez, instruisez, vantez et démontrez la gloire de la fidélité, sans laquelle il n’est point de force morale, ni d’amour sublime. Mais n’intervenez pas, comme des prêtres catholiques, comme des magistrats du vieux monde, dans l’exécution du serment Ah ! ne touchez pas à l’amour par la profanation du mariage, vous ne réussiriez qu’à l’éteindre dans les cœurs purs ! Consacrez l’union conjugale par des exhortations, par des prières, par une publicité qui la rende respectable, par de touchantes cérémonies ; vous le devez si vous êtes nos prêtres, c’est-à-dire nos amis, nos guides, nos conseils, nos consolateurs, nos lumières. Préparez les âmes à la sainteté d’un sacrement, et comme le père de famille cherche à établir ses enfants dans des conditions de bien-être, de dignité et de sécurité, occupez-vous assidûment, vous, nos pères spirituels, d’établir vos fils et vos filles dans des conditions favorables au développement de l’amour vrai, de la vertu, de la fidélité sublime Mais faites bien attention à mes paroles, que le sacrement soit une permission religieuse, une autorisation paternelle et sociale, un encouragement et une exhortation à la perpétuité de l’engagement ; que ce ne soit jamais un commandement, une obligation, une loi avec des menaces et des châtiments, un esclavage imposé avec du scandale, des prisons et des chaînes en cas d’infraction. Autrement vous ne verrez jamais s’accomplir sur la terre le miracle dans son entier et dans sa durée… L’abjuration de la liberté individuelle est en effet contraire au vœu de la nature et au cri de la conscience, quand les hommes s’en mêlent, parce qu’ils y apportent le joug de l’ignorance et de la brutalité ; elle est conforme au vœu des nobles cœurs et nécessaire aux instincts religieux des fortes volontés, quand c’est Dieu qui nous donne les moyens de lutter contre toutes