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chefs des partis qui divisent l’Angleterre, ont, dans le cours de ces dernières années, exposé leur politique, leurs vues et leurs espérances, avec le plus d’élévation, de largeur et d’éclat. Les discours qu’ils y ont prononcés sont dans la mémoire de tous ceux qui ont suivi avec quelque attention nos affaires, et l’histoire en citera plusieurs qui ont eu le caractère de grands évènemens.
chefs des partis qui divisent l’Angleterre, ont, dans le cours de ces dernières années, exposé leur politique, leurs vues et leurs espérances, avec le plus d’élévation, de largeur et d’éclat. Les discours qu’ils y ont prononcés sont dans la mémoire de tous ceux qui ont suivi avec quelque attention nos affaires, et l’histoire en citera plusieurs qui ont eu le caractère de grands évènemens.


Je n’ose me flatter de connaître assez vos hommes d’état, pour essayer d’établir entre sir Robert Peel et l’un d’eux une comparaison qui ait chance d’être bien exacte, et de moi-même je ne l’eusse pas entrepris. Mais j’ai entendu dire que l’orateur du parti doctrinaire, ce M. Guizot qui a soulevé tant de haines, se donnait lui même pour le Robert Peel de la France, et me voilà occupé à faire ce parallèle, à vérifier et à compléter cette appréciation.
Je n’ose me flatter de connaître assez vos hommes d’état, pour essayer d’établir entre sir Robert Peel et l’un d’eux une comparaison qui ait chance d’être bien exacte, et de moi-même je ne l’eusse pas entrepris. Mais j’ai entendu dire que l’orateur du parti doctrinaire, ce {{M.|Guizot}} qui a soulevé tant de haines, se donnait lui même pour le Robert Peel de la France, et me voilà occupé à faire ce parallèle, à vérifier et à compléter cette appréciation.


En se comparant à sir Robert Peel, ce que M. Guizot ambitionne sans doute, c’est le titre de conservateur, c’est le mérite d’une résistance courageuse aux flots envahisseurs de la démocratie, c’est une grande position, soutenue par une grande éloquence, à la tête des idées, des intérêts, des institutions d’ordre et de stabilité. Rien de mieux. Mais avec toute cette gloire, avec ces grands talens, avec cette haute position politique, il y a chez sir Robert Peel peu de fécondité, une obstination à se cramponner au pouvoir, quand le pouvoir lui échappe, qu’on prendrait volontiers pour autre chose que du dévouement à ses principes. Il y a encore chez sir Robert Peel non pas de la versatilité, mais de la souplesse, une prompte résignation aux nécessités politiques et aux exigences du moment, pourvu qu’il soit chargé seul de les satisfaire ; il y a enfin, malgré bien des protestations d’attachement à la réforme, de vifs regrets pour un passé avec lequel il est si profondément identifié, que personne ne le croit dévoué de cœur au présent. Aussi ne saura-t-on jamais beaucoup de gré à sir Robert Peel des mesures libérales qu’il pourra faire adopter, des réformes auxquelles il donnera son adhésion, parce qu’on y verra des concessions arrachées par la force, et non des actes spontanés de justice et de lointaine prévision. Eh bien ! si M. Guizot tient à être le Peel de la France, je crains qu’il ne le soit pas seulement par les bons côtés, mais encore par les mauvais, et qu’homme de résistance et de lutte, on ne lui trouve plus de place convenable dans l’état, quand la paix sera faite, comme aujourd’hui, et quand la société raffermie aura repris son mouvement régulier.
En se comparant à sir Robert Peel, ce que {{M.|Guizot}} ambitionne sans doute, c’est le titre de conservateur, c’est le mérite d’une résistance courageuse aux flots envahisseurs de la démocratie, c’est une grande position, soutenue par une grande éloquence, à la tête des idées, des intérêts, des institutions d’ordre et de stabilité. Rien de mieux. Mais avec toute cette gloire, avec ces grands talens, avec cette haute position politique, il y a chez sir Robert Peel peu de fécondité, une obstination à se cramponner au pouvoir, quand le pouvoir lui échappe, qu’on prendrait volontiers pour autre chose que du dévouement à ses principes. Il y a encore chez sir Robert Peel non pas de la versatilité, mais de la souplesse, une prompte résignation aux nécessités politiques et aux exigences du moment, pourvu qu’il soit chargé seul de les satisfaire ; il y a enfin, malgré bien des protestations d’attachement à la réforme, de vifs regrets pour un passé avec lequel il est si profondément identifié, que personne ne le croit dévoué de cœur au présent. Aussi ne saura-t-on jamais beaucoup de gré à sir Robert Peel des mesures libérales qu’il pourra faire adopter, des réformes auxquelles il donnera son adhésion, parce qu’on y verra des concessions arrachées par la force, et non des actes spontanés de justice et de lointaine prévision. Eh bien ! si {{M.|Guizot}} tient à être le Peel de la France, je crains qu’il ne le soit pas seulement par les bons côtés, mais encore par les mauvais, et qu’homme de résistance et de lutte, on ne lui trouve plus de place convenable dans l’état, quand la paix sera faite, comme aujourd’hui, et quand la société raffermie aura repris son mouvement régulier.




Un membre du parlement.
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Londres, mai 1837.
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