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de la chambre des communes, généralement dépourvus de talent et plus encore de discrétion, il fut presque réduit à ses seules forces pour conduire toute cette guerre. Presque tous les soirs il était forcé d’entrer dans la lice et de faire face à une armée d’ennemis toute fraîche, et jamais les murs du parlement ne furent témoins d’un déploiement si admirable de patience, d’habileté, de puissance oratoire et de modération : prompt à saisir tous les avantages que lui offraient les vues discordantes de ses adversaires, signalant avec une sagacité minutieuse les tendances révolutionnaires des uns, l’inconséquence des autres, il ne prêta jamais le flanc.à ses antagonistes, ne se compromit jamais par une violence imprudente. Une seule fois, dans cette lutte prolongée, il parut ébranlé par la conscience d’avoir commis une faute. Ce fut au sujet de la nomination de lord Londonderry à l’ambassade de Saint-Pétersbourg. Lord Londonderry, frère du trop célèbre Castlereagh, bien connu sur le continent par les bizarreries de sa conduite et les extravagances de sa femme, et regardé comme un débris de la diplomatie de Vienne et de la sainte-alliance, avait un jour, dans la chambre des lords, trouvé convenable d’appeler les Polonais rebelles et de vanter la justice de l’empereur Nicolas qui les avait châtiés. Il est difficile de comprendre comment un choix si impopulaire pût être fait par un ministre aussi intéressé que l’était alors sir Robert Peel à ne pas heurter de front l’opinion publique, déjà si mal disposée à son égard. Cependant cette nomination fournit un excellent moyen d’attaque à lord John Russell et à ses partisans, et jamais le prudent ministre ne manqua si complètement de modération et de présence d’esprit. Lord Londonderry résigna son ambassade. Dans cette circonstance, comme dans quelques autres, sir John Hobhouse fut peut-être le plus dangereux et le plus habile des nombreux adversaires de Peel. Cependant il fut si vivement frappé des facultés extraordinaires déployées par le ministre, qu’il dit plus tard que si quelque chose pouvait le réconcilier avec le maintien de Peel au ministère, ce serait le plaisir de l’entendre parler tous les soirs.
de la chambre des communes, généralement dépourvus de talent et plus encore de discrétion, il fut presque réduit à ses seules forces pour conduire toute cette guerre. Presque tous les soirs il était forcé d’entrer dans la lice et de faire face à une armée d’ennemis toute fraîche, et jamais les murs du parlement ne furent témoins d’un déploiement si admirable de patience, d’habileté, de puissance oratoire et de modération : prompt à saisir tous les avantages que lui offraient les vues discordantes de ses adversaires, signalant avec une sagacité minutieuse les tendances révolutionnaires des uns, l’inconséquence des autres, il ne prêta jamais le flanc à ses antagonistes, ne se compromit jamais par une violence imprudente. Une seule fois, dans cette lutte prolongée, il parut ébranlé par la conscience d’avoir commis une faute. Ce fut au sujet de la nomination de lord Londonderry à l’ambassade de Saint-Pétersbourg. Lord Londonderry, frère du trop célèbre Castlereagh, bien connu sur le continent par les bizarreries de sa conduite et les extravagances de sa femme, et regardé comme un débris de la diplomatie de Vienne et de la sainte-alliance, avait un jour, dans la chambre des lords, trouvé convenable d’appeler les Polonais rebelles et de vanter la justice de l’empereur Nicolas qui les avait châtiés. Il est difficile de comprendre comment un choix si impopulaire pût être fait par un ministre aussi intéressé que l’était alors sir Robert Peel à ne pas heurter de front l’opinion publique, déjà si mal disposée à son égard. Cependant cette nomination fournit un excellent moyen d’attaque à lord John Russell et à ses partisans, et jamais le prudent ministre ne manqua si complètement de modération et de présence d’esprit. Lord Londonderry résigna son ambassade. Dans cette circonstance, comme dans quelques autres, sir John Hobhouse fut peut-être le plus dangereux et le plus habile des nombreux adversaires de Peel. Cependant il fut si vivement frappé des facultés extraordinaires déployées par le ministre, qu’il dit plus tard que si quelque chose pouvait le réconcilier avec le maintien de Peel au ministère, ce serait le plaisir de l’entendre parler tous les soirs.


Il est certain que la manière dont l’opposition fut conduite par lord John Russell, lui fit beaucoup d’honneur, comme tacticien parlementaire. Tourmenté par une suite de petites défaites, attaqué sur son entêtement à garder le pouvoir malgré l’opposition prononcée des représentans du pays, Peel répondait chaque jour en demandant à haute voix la manifestation solennelle de cette opposition, un vote qui déclarât que le pays « n’avait pas confiance dans le ministère ; »
Il est certain que la manière dont l’opposition fut conduite par lord John Russell, lui fit beaucoup d’honneur, comme tacticien parlementaire. Tourmenté par une suite de petites défaites, attaqué sur son entêtement à garder le pouvoir malgré l’opposition prononcée des représentans du pays, Peel répondait chaque jour en demandant à haute voix la manifestation solennelle de cette opposition, un vote qui déclarât que le pays « n’avait pas confiance dans le ministère ; »