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que l’unité de l’art accepte, et que la justice de la
que l’unité de l’art accepte, et que la justice de la postérité réclame. Sur le terrain de l’art, aucune formule exclusive n’a pu bâtir pour l’éternité, comme toutes se le sont promis ; aucune formule exclusive, comme toutes l’ont voulu, n’a pu prendre à bail les générations, quelle que soit la valeur du gage déposé par elle. Où sont, pour être entendus de tout le monde et ne pas remonter trop loin, où sont les dogmes du grand Winkelmann, révélateur d’une nouvelle religion ou promoteur au moins d’une réforme hardie dans l’art ? Quelques années ont suffi pour interrompre la succession de ses prêtres, pour amortir le feu de ses scolastiques, pour débander dans toute l’Europe ses conciles. Winkelmann qui, du milieu des saturnales et des égarements honteux des derniers élèves des Coypel et des Vanloo, des Pietre de Cortone et des Bernin, vint s’agenouiller devant le piédestal mutilé de la statuaire antique, avait-il donc tort ? Personne n’oserait le dire, même aujourd’hui. Mais maintenant, faut-il beaucoup d’audace pour déplorer le fanatisme de Winkelmann, qui corrompit, le bien qu’on pouvait attendre de son mouvement, et qui fit de nos écoles, en prétendant les régénérer, les parasites vassales des silhouettes étrusques ? Faut-il beaucoup d’ingratitude, pour demander à quoi ont servi tant de pompeux et longs
postérité réclame. Sur le terrain de l’art, aucune formule exclusive n’a pu bâtir pour l’éternité, comme
discours sur la beauté idéale, tant de métaphysiques déclamations sur le sens et la forme des marbres antiques, tant de comparaisons décevantes et passionnées, tant de prescriptions absolues, et de régles prétendues éternelles? Il n’est que trop vrai, pour le
toutes se le sont promis ; aucune formule exclusive, comme toutes l’ont voulu, n’a pu prendre à
bail les générations, quelle que soit la valeur du
gage déposé par elle. Où sont, pour être entendus de
tout le monde et ne pas remonter trop loin, où sont
les dogmes du grand Winkelmann, révélateur d’une
nouvelle religion ou promoteur au moins d’une réforme hardie dans l’art ? Quelques années ont suffi
pour interrompre la succession de ses prêtres, pour
amortir le feu de ses scolastiques, pour débander
dans toute l’Europe ses conciles. Winkelmann qui,
du milieu des saturnales et des égarements honteux
des derniers élèves des Coypel et des Vanloo, des
Pietre de Cortone et des Bernin, vint s’agenouiller
devant le piédestal mutilé de la statuaire antique,
avait-il donc tort? Personne n’oserait le dire, même
aujourd’hui. Mais maintenant, faut-il beaucoup d’audace pour déplorer le fanatisme de Winkelmann, qui
corrompit, le bien qu’on pouvait attendre de son
mouvement, et qui fit de nos écoles, en prétendant
les régénérer, les parasites vassales des silhouettes
étrusques? Faut-il beaucoup d’ingratitude, pour demander à quoi ont servi tant de pompeux et longs
discours sur la beauté idéale, tant de métaphysiques
déclamations sur le sens et la forme des marbres
antiques, tant de comparaisons décevantes et passionnées, tant de prescriptions absolues, et de régles
prétendues éternelles? Il n’est que trop vrai, pour le