« Les Loix du mouvement et du repos déduites d’un principe metaphysique » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
WillowW (discussion | contributions)
Page 271
WillowW (discussion | contributions)
Page 272
Ligne 50 :
Je ne sai si l'argument, que Newton tire de la construction des Animaux, est beaucoup plus fort. Si l'uniformité qu'on observe dans plusieurs, étoit une preuve; cette preuve ne seroit-elle pas démentie par la variété infinie qu'on observe dans plusieurs autres? San sortir des mêmes elémens, que l'on compare un Aigle avec une Mouche, un Cerf avec un Limaçon, une Baleine avec une Huitre; & qu'on juge de cette uniformité. En effet d'autres Philosophes veulent trouver une preuve de l'existence de Dieu dans la variété des formes, & je ne sai lesquels sont les mieux fondés.
 
L'Argument tiré de la convenance des differentes parties des Animaux avec leurs besoins, paroît plus solide. Leur pieds ne sont-ils pas faits pour marcher, leurs aîles pour voler, leur yeux pour voir, leur bouche pour manger, d'autres parties pour reproduire leurs semblables? Tout cela ne marque-t-il pas une intelligence & un dessein qui ont presidé à leur construction? Cet argument avoit frappé les Anciens comme il a frappé Newton: & c'est en vain que le plus grand ennemi de la Providence y répond, que l'usage n'a point été le but, qu'il a été la suite de la construction des parties des Animaux: que le hazard aiant formé les yeux, les oreilles, la langues, on s'en est servi pour voir, pour entendre, pour parler. (''Lucret. lib. IV'')
 
Mais ne pourroit-on pas dire, que dans la combinaison fortuite des productions de la Nature, comme il n'y avoit que celles où se trouvoient certains rapports de convenance, qui pûssent subsister, il n'est pas merveilleux que cette convenance se trouve dans toutes les especes qui actuellement existent? Le hazard, diroit-on, avoit produit une multitude innombrabled'Invidus: un petit nombre se trouvoit construit de maniere que les parties de l'Animal pouvoient satisfaire à ses besoins; dans un autre infiniment plus grand, il n'y avoit ni convenance, ni order: tous ces derniers ont peri: des Animaux sans bouche ne pouvoient pas vivre; d'autres qui manquoient d'organes pour la generation ne pouvoient pas se perpetuer; les seuls qui soient restés, sont ceux où se trouvoient l'ordre & la convenance; & ces especes que nous voions auhourdhui, ne sont que la plus petite partie de ce qu'un Destin aveugle avoit produit.
 
Presque tous les Auteurs modernes qui ont traité de la Physique ou de l'Histoire naturelle, n'ont fait qu'étendre les preuves qu'on tire de l'organisation des Animaux & des Plantes; & les pousser jusques dans les plus petits details de la Nature. Pour ne pas citer ici des Exemples trop indécents, qui ne seroient que trop communs, je ne parlerai que de celui (''Philos. Transact. No. 470'') qui trouve Dieu dans les plis de la peau d'un Rhinoceros: parce que cet animal étant couvert d'une peau très-dure, n'auroit pas pu se remuer sans ces plis. N'est-ce pas faire tort à la plus grande des verités, que de la vouloir prouver par de tels argumens? Que diroit-on de celui qui nieroit la Providence, parce que l'ecaille de la Tortue n'a mi plis ni jointures? Le raisonnement de celui qui la prouve par la peau du Rhinoceros, est de la même force: laissons ces bagatelles à ceux qui n'en sentent pas la frivolité.