« L’Auberge de l’Ange Gardien » : différence entre les versions

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{{sc|Le curé}}. — Qu’est-ce que c’est que Dourakine ?
 
{{sc|Le général}}. — C’est moi-même qui ai l’honneur de vous parler. Je m’appelle Dourakine, sot nom, puisqu’en russe ''dourake'' veut dire sot. »
 
Le curé rit de bon cœur avec Dourakine qui le prenait en gré et qui lui proposa d’aller féliciter les sœurs de
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L’agitation du général augmentait. Enfin, il sauta au cou de Moutier, serra dans ses bras le curé étonné, manqua le jeter par terre en le lâchant trop brusquement, et marcha à pas redoublés vers la porte de sa chambre qu’il referma sur lui.
 
Le curé s’assit, Mme Blidot se mit près de lui, Elfy s’assit près de sa sœur, et Moutier plaça sa chaise près d’Elfy.

La porte du général se rouvrit, il passa la tête et cria :
 
« À quand la noce ?
 
— Comment, la noce ? dit Elfy ; est-ce qu’on a eu le temps d’y penser ? »
 
{{sc|Le général}}. — Mais moi qui pense à tout, je demande le jour pour commander mon dîner chez Chevet.
 
{{sc|Moutier}}. — Halte-là ! mon général, vous prenez trop tôt le pas de charge. Vous oubliez nos eaux de BagnolesBagnols et vos blessures.
 
{{sc|Le général}}. — Je n’oublie rien, mon ami, mais il y a temps pour tout, et la noce en avant.
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{{sc|Le général}}. — Tiens ! voyez-vous cette petite ! Ta, ta, ta, ta, ta, comme sa langue tourne vite dans sa bouche ! Il faut donc que je me soumette. Ce que vous dites est vrai, mon enfant ; il faut que votre Joseph (puisque Joseph il y a) se rétablisse bien et vite ; et nous partons demain.
 
{{sc|Elfy}}. — Oh non ! pas demain. J’ai eu à peine le temps de lui dire deux mots, et ma sœur n’a encore pris aucun arrangement. Et puis… Enfin, je ne veux pas qu’il s’en aille avant…, avant… Dieu ! que c’est ennuyeux !… Monsieur le curé, quand faut-il le laisser partir ? »
 
Le général se frottait les mains et riait.
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{{sc|Le général}}. — Voilà, voilà ! La raison s’en va ! L’affection reste en possession du champ de bataille ! Hourra pour la noce !
 
{{sc|Elfy}}. — Mais pas du tout, général ! Dieu ! que vous êtes impatientant, vous prenez tout à l’extrême ! Avec vos belles idées de noce, puis de départ tout de suite, tout de suite, vous avez brouillé tout dans ma tête ; je ne sais plus où nous en étions !… Et d’abord, Joseph ne peut pas partir avant d’avoir fait sa déclaration dans l’affaire des Bournier ; et vous aussi, il faut que vous soyez interrogé. N’est-ce pas, monsieur le curé ! Joseph ne dit rien ; il me laisse toute l’affaire à arranger toute seule. »
 
Moutier souriait et n’était pas malheureux du désir que témoignait Elfy de le garder un peu de temps.
 
« Je ne dis rien, dit-il, parce que vous plaidez notre cause bien mieux que je ne pourrais le faire, et que j’ai trop de plaisir à vous entendre si bien parler pour vouloir vous interrompre. »
 
{{sc|Le curé}}. — Ma chère enfant, vous avez raison ; il faut attendre leurs interrogatoires, c’est-à-dire quelques jours, et partir dès le lendemain.
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{{sc|Elfy}}. — Et pourquoi ne l’as-tu pas dit tout de suite ?
 
{{sc|Madame Blidot}}, ''riant''. — Est-ce que tu m’en as laissé le temps ? Tu étais si animée que Joseph même n’a pu dire un mot. »
 
{{TextQuality|100%}}==XI. Querelle pour rire.==