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LE DIX AOÛT

l’insurrection avait d’abord été fixé au dimanche 22 juillet. Ce jour-là les Jacobins devaient offrir aux Fédérés un banquet sur les ruines de la Bastille. En raison de la proclamation de la Patrie en danger qui fut faite en grande solennité les 22 et 23 juillet, le banquet fut remis au ’26 juillet. Les fédérés brestois arrivèrent la veille, au milieu des acclamations. Le banquet fraternel, dont le patriote Palloy fut l’organisateur, eut lieu à la date fixée. Chaque assistant apporta ses vivres. On chanta des hymnes civiques, puis on dansa au milieu des illuminations. On tira un feu d’artifice. Le ministre de l’Intérieur Champion, qui avait eu l’imprudence de se rendre déguisé sur l’emplacement du banquet, fut reconnu et accablé de soufflets. Le directoire secret, qui s’était réuni à 7 heures du soir au cabaret du Soleil d’Or, rue Saint-Antoine, et à la Chasse Royale et au Cadran Bleu sur le boulevard, avait décidé de marcher sur le château en trois colonnes qui seraient formées par les faubourgs, les Fédérés et la garde nationale de Versailles, alertée par Westermann. Des drapeaux rouges portant l’inscription en caractères noirs : Résistance à l’oppression, Loi martiale du peuple souverain contre la rébellion du pouvoir exécutif, avaient été préparés et déposés chez Santerre, d’où Fournier les fit prendre et les apporta au Soleil d’Or. Carra s’est vanté d’avoir imaginé l’inscription qu’ils portaient par laquelle le nouveau souverain, le peuple, mettait hors la loi l’ancien, considéré comme un rebelle. Carra s’est vanté aussi d’avoir fait imprimer 500 affiches de couleur bleuâtre ainsi conçues : Ceux qui tireront sur les colonnes du peuple seront mis à mort sur-le-champ ; ceux qui se joindront à ces colonnes seront garantis