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LE DIX AOÛT

cavaliers qui l’escorteront. Les Suisses au besoin et une partie de la garde nationale protégeront le départ…

M. de Lafayette, toutes ses places garnies, ainsi que son camp de retraite, a de disponible pour cet objet dans son armée 10 escadrons et l’artillerie à cheval. Deux marches forcées peuvent amener toute cette division à Compiègne. Si, contre toute vraisemblance, Sa Majesté ne pouvait sortir de la ville, les lois étant évidemment violées, les deux généraux marcheraient sur la capitale avec une armée. Les suites de ce projet se montrent d’elles-mêmes : la paix avec toute l’Europe par la médiation du roi, le roi rétabli dans tout son pouvoir légal, une longue et nécessaire extension de ses prérogatives sacrées… » Pour décider le roi, Lafayette lui remontra, dans une lettre du 8 juillet, qu’en restant à Paris, lui et sa famille seraient à la merci des factieux et qu’à la première défaite qu’il considérait comme certaine, les factieux s’empareraient de leurs personnes pour les emmener dans le Midi.

Comme d’habitude, Louis XVI en référa à sa femme qui fit échouer le projet, sur lequel elle consulta Fersen, qui ne cessait de lui recommander de ne pas sortir de Paris, surtout sous l’égide de Lafayette. Louis XVI répondit à celui-ci, en manière d’excuse, que le plan était impraticable. S’il s’enfuyait du côté du Nord, il aurait l’air d’aller au-devant des Autrichiens !

Lafayette ne vint donc pas à Paris. Luckner y parut seul, le jour même de la Fédération, aux côtés du roi. Mais le vieux reître fut imprudent. Dans une conversation chez l’évêque Gobel, il parla trop. Il fit allusion à la proposition que Lafayette lui avait faite de conduire son armée sur Paris. Ses paroles furent recueillies par plusieurs députés girondins et donnèrent