« Page:Albert Mathiez - Le dix août - Hachette 1934.pdf/61 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 30 juillet 2021 à 14:25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES FÉDÉRÉS

épées, les bonnets rouges confondus avec le panache du militaire et le plumet noir du magistrat, un peuple immense, innombrable, mais aucun spectacle propre à flatter l’œil ; enfin un assemblage informe, monstrueux, image de l’anarchie et du désordre dans lesquels la France est plongée. » Ce désordre fraternel, ce mélange des classes réjouissait au contraire la girondine Chronique de Paris, qui se félicitait aussi qu’on eût supprimé la cérémonie religieuse qui avait tenu tant de place dans la première Fédération. « La patrie était la seule divinité et la fête de tous les peuples n’a point été profanée ou rétrécie dans son objet par la domination d’aucune secte religieuse. »

Il semblait que Louis XVI était de plus en plus isolé au milieu de son peuple. Et cependant il était au moment même l’objet des sollicitations secrètes et opposées des Feuillants et des Girondins, qui, les uns par la persuasion, les autres par les menaces, s’efforçaient d’en faire l’instrument de leurs politiques opposées.

Quelques jours avant la Fédération, Lafayette avait chargé Adrien Duport d’être son intermédiaire auprès du ministre Terrier pour qu’il soumit au roi un plan de fuite. Le plan devait s’exécuter primitivement le 12 juillet. Mais la date fut reculée au 15, parce que le roi voulut assister à la Fédération. Lally-Tollendal fit savoir au roi, le 9 juillet, que Lafayette s’était entendu avec Luckner : « Ils proposent que Sa Majesté sorte publiquement de la ville entre eux deux, en l’écrivant à l’Assemblée nationale, en lui annonçant qu’elle ne dépassera par la ligne constitutionnelle et qu’elle se rend à Compiègne. Sa Majesté et toute sa famille seront dans une seule voiture. Il est aisé de trouver 100 bons