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LE DIX AOÛT

pouvant plus faire le bien, les six ministres avaient remis, le matin même, leur démission collective entre les mains du roi. Cette annonce inattendue fut accueillie dans l’Assemblée par un profond silence, mais les tribunes accompagnèrent la sortie des ministres par des huées prolongées. Le député Ducos commenta le lendemain le geste des ministres : « Est-ce par condescendance pour la Cour, ou par crainte pour l’Assemblée nationale que les ministres ont ainsi conspiré leur retraite ? » En ce qui regarde la Cour, Ducos se trompait. Dejoly nous dit lui-même que « le roi et la reine leur témoignèrent le mécontentement le plus marqué. La reine se plaignit très amèrement d’une démission qu’elle qualifiait de lâcheté. Elle la reprocha surtout à mes cinq collègues qui, ayant assisté le roi dans sa séance du 20 juin, ne devaient plus se séparer d’un prince qui avait déployé un si grand courage. Mes collègues s’excusèrent sur les circonstances et la conversation finit par l’embarras où se trouvait le roi par la difficulté de nous remplacer ». Il se peut que les trois ministres, menacés la veille de la Haute Cour par Brissot : Terrier de Montciel, Scipion Chambonas et Lajard, aient démissionné pour éviter la mise en accu- sation. Mais il y eut autre chose. Les ministres, qui étaient en presque totalité des créatures de Lafayette, ou des Lameth, avaient, les jours précédents, invité le roi à les accompagner à l’Assemblée pour lui dénoncer les factieux, c’est-à-dire les Jacobins, et, par cet acte énergique, prévenir la proclamation de la Patrie en danger. Le roi et la reine s’étaient refusés à cette démarche dont ils avaient compris l’impossibilité. En se retirant, les ministres mettaient le roi en demeure de se livrer à Lafayette. Ce qui le montre bien, c’est que le seul qui