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LA PATRIE EN DANGER

procédure de la déchéance, — et la proclamation du danger de la Patrie en était le signal — lui donnait la chair de poule. Et, d’autre part, l’invasion la terrifiait. Aussi, quand l’évêque du Rhône-et-Loire Lamourette lui proposa, le 7 juillet, pour ramener l’union dans son sein, de foudroyer à la fois la République et les deux Chambres, — ces deux motifs de division — elle répondit par une acclamation universelle. Les adversaires de la veille se réconcilièrent et les tribunes elles-mêmes prirent part à la scène attendrissante. Une députation alla porter la bonne nouvelle au roi. Il vint lui-même s’attendrir avec l’Assemblée. Mais il manqua l’occasion de prouver qu’il oubliait le passé. Il ne leva pas la suspension de Petion. Il refusa de suivre le conseil de son ministre de la Justice Dejoly qui la lui avait recommandée. Dès le lendemain les partis reprenaient leurs querelles. Le Courrier de Gorsas écrivait que le baiser Lamourette n’était qu’un tour de la Cour qui espérait ainsi émousser le glaive des lois prêt à frapper Lafayette et empêcher en même temps la proclamation de la Patrie en danger. Les Révolutions de Paris se moquèrent de « la réconciliation normande » et se livrèrent à de vives attaques contre Lamourette, créature de Mirabeau et instrument de Lafayette. Le grand journal démocratique prédit que les sociétés populaires feraient les frais de cette réconciliation à laquelle ne tarderait pas de s’associer le général factieux. « Cette trêve perfide, conclut-il, est destinée à mener droit à une amnistie en faveur des grands coupables. » La trêve ne dura pas quarante-huit heures.

Le 10 juillet, le garde des sceaux Dejoly, ayant rendu compte de l’état du royaume, avertit l’Assemblée que, ne