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LE DIX AOÛT

LE DIX AOÛT

rête ! Le danger public nous inspirera, nous ouvrirons l’évangile de la Constitution ». Après avoir dénoncé le projet formé par Adrien Duport de dissoudre l’Assemblée et d’établir une seconde Chambre, après avoir fait l’éloge des mesures proposées par Condorcet, Brissot n’hésitait pas à lancer à Vergniaud ce désaveu : « Ce n’est pas avec des mouvements oratoires qu’on maintient la Constitution contre l’insurrection du pouvoir exécutif… J’admire avec tous les patriotes le tableau véritablement éloquent tracé par M. Vergniaud d’un roi contre-révolutionnaire, mais je lui dirai que ces hypothèses ne sont propres qu’à enhardir les coupables et à corrompre l’opinion… Le roi est-il coupable ? Il faut le dire franchement ! » Mais il en restait, lui aussi, à la menace. Tout son effort, à la fin de son discours, avait pour but d’obliger le roi à rappeler les ministres patriotes. Il proposait, en effet, de déclarer que les ministres en fonctions n’avaient pas la confiance de l’Assemblée et d’en mettre trois en accusation, ceux des Affaires étrangères, de la Guerre et de l’Intérieur. Il proposait enfin de remplacer la Commission extraordinaire des Douze par une nouvelle Commission dite de Sûreté, composée de sept membres seulement, élus au scrutin public mais délibérant en secret et chargés de toutes les accusations pour crime de haute trahison. Cette Commission de Sûreté réclamée par Brissot serait en quelque sorte la contrepartie du veto. Les ministres qui commettraient l’imprud2nce de contresigner le veto sauraient désormais qu’ils mettaient en jeu leur tête ! L’Assemblée, débordée, divisée, enfiévrée, poussée en sens divers, ne suivait les Girondins que par soubresauts et comme à regret. L’idée de commencer la