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LE DIX AOÛT

values sa suspension, avait été agréablement chatouillé par l’idée qu’il avait l’étoffe d’un dictateur. Sous la Convention, quand il polémiquera avec Robespierre, il se fera un titre d’honneur d’avoir refusé cette magistrature romaine : « Jamais homme, lui jeta-t-il, vous pouvez m’en croire, n’a été plus à portée de souiller sa vie par une ambition criminelle et insensée ! »

La diversité des solutions proposées pour mettre fin à la crise, en même temps qu’elle manifeste le désarroi de l’opinion, nous fait mieux comprendre la politique girondine. Celle-ci n’a, en aucune façon, soif de clarté. Elle ne fera rien pour dégager une solution nette qu’elle veuille avouer et recommander. Ses journaux, ses orateurs attaquent Louis XVI, le montrent sans cesse comme l’obstacle capital à la défense du pays, l’accusent ouvertement de préparer la victoire de l’ennemi, mais ils s’en tiennent là. Quand il s’agit d’examiner par qui et par quoi le roi parjure sera remplacé, ils restent silencieux ou ne font que des réponses vagues et contradictoires. C’est qu’au fond ils ne tiennent pas à détrôner Louis XVI, ils n’ont pas perdu l’espoir de le forcer à reprendre les ministres qui ont leur confiance et ils croient y parvenir en intimidant le monarque, en augmentant les difficultés sous les pas de ses nouveaux ministres et en démembrant ou en paralysant ce qui lui reste de pouvoir. Ils essaient de se servir, à cet effet, de la Commission extraordinaire des Douze qu’ils ont fait instituer le jour même du renvoi de Roland pour veiller au salut de la patrie.

Le 30 juin, un homme du juste milieu, Pastoret, fait un rapport, au nom de la Commission, sur l’état de la France. Il promet que la Haute Cour, instituée pour punir les conspirateurs et qui n’en juge aucun, va sortir