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{{sc|Deux orateurs}}. — De ces deux orateurs l’un n’atteint toute la raison de sa cause que lorsqu’il s’abandonne à la passion : la passion seule lui fait monter assez de sang et de chaleur au cerveau pour forcer sa haute intelligence à se révéler. L’autre essaie bien de temps en temps la même chose : présenter sa cause à l’aide de la passion d’une façon sonore, violente et entraînante, — mais il y réussit généralement très mal. Il devient alors vite obscur et confus, il exagère, fait des omissions et suscite des méfiances à l’égard de la raison de sa cause ; oui, lui-même éprouve alors cette méfiance et par là s’expliquent ces bonds soudains, ces intonations froides et repoussantes qui provoquent dans l’auditoire des doutes sur la sincérité de sa passion. Chez lui la passion submerge chaque fois l’esprit : peut-être parce qu’elle est plus forte que chez le premier. Mais il atteint toute la hauteur de sa force lorsqu’il résiste à l’impétueuse tempête de son sentiment, le narguant en quelque sorte : c’est alors seulement que son esprit sort entièrement de sa cachette, esprit logique, moqueur, qui se joue, et pourtant terrible.
{{sc|Deux orateurs}}. — De ces deux orateurs l’un n’atteint toute la raison de sa cause que lorsqu’il s’abandonne à la passion : la passion seule lui fait monter assez de sang et de chaleur au cerveau pour forcer sa haute intelligence à se révéler. L’autre essaie bien de temps en temps la même chose : présenter sa cause à l’aide de la passion d’une façon sonore, violente et entraînante, — mais il y réussit généralement très mal. Il devient alors vite obscur et confus, il exagère, fait des omissions et suscite des méfiances à l’égard de la raison de sa cause ; oui, lui-même éprouve alors cette méfiance et par là s’expliquent ces bonds soudains, ces intonations froides et repoussantes qui provoquent dans l’auditoire des doutes sur la sincérité de sa passion. Chez lui la passion submerge chaque fois l’esprit : peut-être parce qu’elle est plus forte que chez le premier. Mais il atteint toute la hauteur de sa force lorsqu’il résiste à l’impétueuse tempête de son sentiment, le narguant en quelque sorte : c’est alors seulement que son esprit sort entièrement de sa cachette, esprit logique, moqueur, qui se joue, et pourtant terrible.


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{{sc|De la loquacité des écrivains}}. — Il existe une loquacité de la colère, — souvent chez Luther et aussi chez Schopenhauer. Une loquacité qui provient d’une trop grande abondance de formules de {{tiret|con|cept}}
{{sc|De la loquacité des écrivains}}. — Il existe une loquacité de la colère, — souvent chez Luther et aussi chez Schopenhauer. Une loquacité qui provient d’une trop grande abondance de formules de {{tiret|con|cept}}