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{{tiret2|mouil|lée}} à la main, et moins encore de ceux qui s’abandonnent à leurs passions devant l’encrier ouvert, assis sur leur chaise et fixant le papier. Je me fâche ou j’ai honte de tout écrit ; écrire est pour moi une nécessité, — j’ai une répugnance à en parler même en symbole. — B : Mais pourquoi écris-tu alors ? — A : Hélas ! mon cher, soit dit entre nous, je n’ai pas encore trouvé jusqu’à présent d’autre moyen de ''me débarrasser'' de mes pensées. — B : Et pourquoi veux-tu en être débarrassé ? — A : Pourquoi je veux ? Est-ce que je veux ! J’y suis forcé. — B : Assez ! Assez !
{{tiret2|mouil|lée}} à la main, et moins encore de ceux qui s’abandonnent à leurs passions devant l’encrier ouvert, assis sur leur chaise et fixant le papier. Je me fâche ou j’ai honte de tout écrit ; écrire est pour moi une nécessité, — j’ai une répugnance à en parler même en symbole. — B : Mais pourquoi écris-tu alors ? — {{sc|A}} : Hélas ! mon cher, soit dit entre nous, je n’ai pas encore trouvé jusqu’à présent d’autre moyen de ''me débarrasser'' de mes pensées. — B : Et pourquoi veux-tu en être débarrassé ? — {{sc|A}} : Pourquoi je veux ? Est-ce que je veux ! J’y suis forcé. — B : Assez ! Assez !


== 94 ==
== 94. ==


{{sc|Croissance après la mort}}. — Ces petites paroles intrépides sur les choses morales que Fontenelle a jetées dans ses immortels ''Dialogues des morts'' étaient regardées jadis comme des paradoxes et des jeux d’un esprit aventureux ; même les juges suprêmes du goût et de l’esprit n’y voyaient pas davantage, — et peut-être Fontenelle lui non plus. Maintenant il se passe quelque chose d’incroyable : ces pensées deviennent des vérités ! La science les démontre ! Le jeu devient sérieux ! Et nous lisons ces dialogues avec un autre sentiment que ne le firent Voltaire et Helvétius, et involontairement nous élevons leur auteur dans une autre classe d’esprit, une classe <i>beaucoup plus haute</i> que celle où le placèrent ceux-ci, — avec raison ? ou bien à tort ?
{{sc|Croissance après la mort}}. — Ces petites paroles intrépides sur les choses morales que Fontenelle a jetées dans ses immortels ''Dialogues des morts'' étaient regardées jadis comme des paradoxes et des jeux d’un esprit aventureux ; même les juges suprêmes du goût et de l’esprit n’y voyaient pas davantage, — et peut-être Fontenelle lui non plus. Maintenant il se passe quelque chose d’incroyable : ces pensées deviennent des vérités ! La science les démontre ! Le jeu devient sérieux ! Et nous lisons ces dialogues avec un autre sentiment que ne le firent Voltaire et Helvétius, et involontairement nous élevons leur auteur dans une autre classe d’esprit, une classe ''beaucoup plus haute'' que celle où le placèrent ceux-ci, — avec raison ? ou bien à tort ?