« Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/236 » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
En-tête (noinclude) : | En-tête (noinclude) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{Manchette|D}} |
|||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
<section begin="1400"/>{{nld|1695|border-top:1px solid black;}} |
|||
sa femme<ref>2. C’était la petite vérole.</ref> étoit contagieuse ; il ne l’a point quittée, et Dieu veuille qu’elle ne l’ait pas quitté pour longtemps<ref>3. « Pendant tout ce temps ('' de la maladie de sa femme''), Guillaume demeura jour et nuit auprès de son lit. Il avait fait dresser dans l’antichambre le petit lit sur lequel il dormait quand il était en campagne, mais il ne s’y coucha guère. La vue de sa douleur, écrivait l’envoyé de Hollande, suffisait pour fondre le cœur le plus dur. (Macaulay, ''Histoire d’Angleterre'', chapitre {{rom-maj|XX|}}, tome {{rom-maj|VII|}}, {{pg}}342.) Guillaume ne mourut qu’en 1702.</ref> ! |
|||
Il se passa hier une belle et magnifique scène à l’hôtel de Chaulnes : Monsieur y passa presque toute la journée, avec ses bontés et ses agréments ordinaires pour la maîtresse de la maison. L’appartement de cette duchesse est dans le point de la perfection : depuis le salon jusques au dernier cabinet, tout est meublé de ces beaux damas galonnés d’or que vous connoissez ; on a fait dans la chambre du lit une cheminée d’une beauté et d’une magnificence qui ne se peut dire ; il y avoit de gros feux partout, et des bougies en si grande quantité, qu’elles auroient obscurci le soleil, s’ils s’étoient trouvés ensemble. {{Mme}} de Chaulnes est allée ce matin rendre la visite à Monsieur, et ensuite à Versailles pour quelques jours : c’est ce qui l’a empêchée de vous écrire. Il n’y a de plaisirs qu’à Grignan, mon amie ; mais ce qui est triste, c’est qu’il n’y en a point pour nous à Paris, quand vous êtes à Grignan. Je révère et estime tout ce qui habite ce beau château. M.{{lié}}le marquis de Grignan m’a écrit la plus jolie lettre qu’il est possible : elle a été trouvée telle par les connoisseurs. Rendez-moi de bons offices auprès de Madame sa femme ; mais, mon amie, rendez-m’en de bons auprès de vous, je vous en supplie. On parle ici tous les jours de l’aimable Pauline, et toutes ses amies s’en souviennent si tendrement, qu’elle est une ingrate si elle ne s’en soucie plus ; mais pourvu qu’elle ne m’oublie pas, je lui {{tiret|par|donne}}<section end="1400"/> |
|||
sa femme<ref>2. C’était la petite vérole.</ref> : étoit contagieuse ; il ne l`a point quittée, et |
|||
Dieu veuille qu’elle ne l’ait pas quitté pour longtemps<ref>3. « Pendant tout ce temps (''de la maladie de sa femme''), Guillaume |
|||
demeura jour et nuit auprès de son lit. Il avait fait dresser dans |
|||
l'antichambre le petit lit sur lequel il dormait quand il était en campagne, |
|||
mais il ne s’y coucha guère. La vue de sa douleur, écrivait |
|||
l’envoyé de Hollande, suffisait pour fondre le cœur le plus dur. |
|||
(Macaulay, ''Histoire d’Angleterre'', chapitre XX , tome VII, p. 342.) |
|||
Guillaume ne mourut qu’en 1702.</ref> ! |
|||
ll se passa hier une belle et magnifique scène à l'hôtel |
|||
de Chaulnes : Monsieur y passa presque toute la journée, |
|||
avec ses bontés et ses agréments ordinaires pour la maîtresse |
|||
de la maison. L'appartement de cette duchesse est |
|||
dans le point de la perfection : depuis le salon jusques au |
|||
dernier cabinet, tout est meublé de ces beaux damas galonnés |
|||
d'or que vous connoissez ; on a fait dans la chambre |
|||
du lit rune cheminée d`une beauté et d’une magnificence |
|||
qui ne se peut dire ; il y avoit de gros feux partout, |
|||
et des bougies en si grande quantité, qu’elles auroient |
|||
obscurci le soleil, s`ils s'étoient trouvés ensemble. Mme de |
|||
Chaulnes est allée ce matin rendre la visite à Monsieur, |
|||
et ensuite à Versailles pour quelques jours : c`est ce qui |
|||
l’a empêchée de vous écrire. Il n`y a de plaisirs qu`à Grignan, |
|||
mon amie ; mais ce qui est triste, c’est qu`il n’y en |
|||
a point pour nous à Paris, quand vous êtes à Grignan. Je |
|||
révère et estime tout ce qui habite ce beau château. |
|||
M. le marquis de Grignan m’a écrit la plus jolie lettre |
|||
qu’il est possible : elle a été trouvée telle par les connoisseurs. |
|||
Rendez-moi de bons offices auprès de Madame sa |
|||
femme ; mais, mon amie, rendez-m'en de bons auprès |
|||
de vous, je vous en supplie. On parle ici tous les jours de |
|||
l`aimable Pauline, et toutes ses amies s`en souviennent si |
|||
tendrement, qu'elle est une ingrate si elle ne s`en soucie |
|||
plus ; mais pourvu qu`elle ne m’oublie pas, je lui par- |