« De l’Imitation de Jésus-Christ (Brignon)/Livre 3/08 » : différence entre les versions

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Dernière version du 25 juillet 2021 à 20:32

Traduction par Jean Brignon.
Bruyset (p. 143-145).


CHAPITRE VIII.
Qu’il faut s’humilier en s’anéantir devant Dieu.
Le Disciple.

JE parlerai à mon Seigneur, quoique je ne sois que poudre & cendre[1]. Si je m’estime quelque chose de plus, vous me condamnez, ô mon Dieu, & mes pechez portent témoignage contre moi, sans que je puisse rien alleguer pour ma défense.

Mais si je m’abaisse & m’anéantis devant vous, si j’ai pour moi un véritable mépris, & que je me considére tel que je suis en effet, comme un peu de cendre & de poussiére ; vous me regardez d’un œil favorable, vous me faites part de vos dons, vous m’éclairez de vôtre lumiere, & toute l’estime que je puis avoir de moi, se perd dans la consideration de ma bassesse & de mon néant.

C’est là que vous me montrez ce que je suis, ce que j’ai été, ce que je suis devenu : c’est là que vous me faites un affreux portrait de moi-même : car je vois bien maintenant que je ne suis rien, & jusqu’ici je l’ai ignoré[2].

Si vous me laissez seul & sans appui, les forces me manquent : mais si vous daignez seulement me regarder, je me sens rempli d’une joye & d’une vigueur extraordinaire.

Ainsi vous me relevez tout d’un coup, & par un effet surprenant de vôtre grace, vous me soûtenez quoique naturellement je tende toûjours en bas.

Je n’en puis attribuer la cause qu’à vôtre bonté qui me prévient gratuitement, qui m’assiste dans mes besoins, qui me preserve de beaucoup de grands dangers, & qui me délivre d’une infinité de maux.

En m’aimant desordonnément, je me suis perdu : mais depuis que j’ai résolu de n’aimer & de ne chercher que vous, je vous ai trouvé, & je me suis retrouvé moi-même, puisque l’amour m’a ouvert les yeux, & que commençant à me connoître, j’ai conçu enfin un plus grand mépris pour moi.

O Dieu de mon cœur, Vous me faites infiniment plus de biens que je n’en mérite, & que je n’oserois en demander ni en esperer.

Soyez beni à jamais, Seigneur, qui par un excés de charité répandez vos benedictions sur des pecheurs, indignes de tout bien sur des ingrats, qui n’ont que de l’aversion pour vous.

Faites-nous la grace de nous attirer à vous, qui êtes nôtre salut, nôtre vertu, nôtre force, afin que nous soyons désormais plus humbles : plus devots, plus reconnoissans envers vous.

  1. Gen. 18. 27.
  2. Psal. 72. 22.