« Page:Froissart - Les Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, Tome I, 1835.djvu/586 » : différence entre les versions

 
m →‎top : Corrections diverses, remplacement: sss → ss
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<section begin="ch214"/>{{Tiret2|commen|cèrent}} à traire, à lancer et à chasser les uns aux autres grands coups et apperts, et en y eut plusieurs abattus des uns des autres, de première venue. Là eut grand’bataille forte et dure et bien combattue, et mainte appertise d’armes faite, et maint chevalier et maint écuyer renversé par terre. Toutefois les François étoient trop plus que les Compagnies, bien trois contre un, si n’en avoient mie la pieur parçon ; et reboutèrent à ce commencement les compagnies par bien combattre bien avant jusques dedans les barrières. Là eut au rentrer maint homme mis à meschef ; et eussent eu, ce qu’il y avoit de Compagnies, trop fort temps, si n’eût été le capitaine de la dite ville, qui fit armer toutes gens et commanda étroitement que chacun à son loyal pouvoir aidât les Compagnies qui étoient hommes au prince. Lors s’armèrent tous ceux de la ville et se mirent en arroy avecques les Compagnies, et se boutèrent en l’escarmouche, et mêmement les femmes de la ville montèrent en leurs logis et en leurs soliers pourvues de pierres et de cailloux, et commencèrent à jeter sur ces François si fort et si roidement qu’ils étoient tout embesognés de eux targer pour le jet des pierres, et en blessèrent plusieurs et reculèrent par force. Donc se rassurèrent les compagnons, qui firent un grand temps en grand péril, et envahirent fièrement les François. Et vous dis qu’il y eut là fait autant de grands appertises d’armes, de prises et de rescoussss que on avoit vu en grand temps faire ; car les Compagnies n’étoient que un petit au regard des François. Si se pénoit chacun de bien faire la besogne ; et reboutèrent leurs ennemis par force d’armes tout hors de la ville. Et advint ainsi, pendant que on se battoit, que une route de Compagnies que le bourg de Breteuil et Naudon de Bagerent menoient, en la quelle route étoient bien quatre cents combattants, se boutèrent parderrière en la ville, et avoient chevauché toute la nuit en grand’hâte pour là être, car on leur avoit donné à entendre que les François avoient assiégé leurs compagnons de Montalban. Si vinrent tout à point à la bataille. Là eut de rechef grand butin et dur ; et furent ces François par ces nouvelles gens fièrement assaillis et combattus, et dura cette bataille dès l’heure de tierce jusques à la basse nonne. Finablement les François furent déconfits et mis en chasse, et ceux tous heureux qui purent partir, monter à cheval et aller leur voie. Là furent pris le comte de Narbonne, messire Guy d’Azay, le comte d’Uzès, le sire de Montmorillon, le sénéchal de Carcassonne, le sénéchal de Beaucaire et plus de cent chevaliers, que de France, que de Provence, que des marches de là environ, et mains écuyers et mains riches hommes de Toulouse et de Montpellier ; et encore eussent-ils plus pris, s’ils eussent chassé, mais ils n’étoient que un peu de gens mal montés ; si ne s’osèrent aventurer plus avant et se tinrent à ce que ils eurent. Cette escarmouche fut à Montalban la vigile Notre-Dame en août, l’an de grâce {{rom|mccc lxvi}}.
<section begin="ch214"/>{{Tiret2|commen|cèrent}} à traire, à lancer et à chasser les uns aux autres grands coups et apperts, et en y eut plusieurs abattus des uns des autres, de première venue. Là eut grand’bataille forte et dure et bien combattue, et mainte appertise d’armes faite, et maint chevalier et maint écuyer renversé par terre. Toutefois les François étoient trop plus que les Compagnies, bien trois contre un, si n’en avoient mie la pieur parçon ; et reboutèrent à ce commencement les compagnies par bien combattre bien avant jusques dedans les barrières. Là eut au rentrer maint homme mis à meschef ; et eussent eu, ce qu’il y avoit de Compagnies, trop fort temps, si n’eût été le capitaine de la dite ville, qui fit armer toutes gens et commanda étroitement que chacun à son loyal pouvoir aidât les Compagnies qui étoient hommes au prince. Lors s’armèrent tous ceux de la ville et se mirent en arroy avecques les Compagnies, et se boutèrent en l’escarmouche, et mêmement les femmes de la ville montèrent en leurs logis et en leurs soliers pourvues de pierres et de cailloux, et commencèrent à jeter sur ces François si fort et si roidement qu’ils étoient tout embesognés de eux targer pour le jet des pierres, et en blessèrent plusieurs et reculèrent par force. Donc se rassurèrent les compagnons, qui firent un grand temps en grand péril, et envahirent fièrement les François. Et vous dis qu’il y eut là fait autant de grands appertises d’armes, de prises et de rescousses que on avoit vu en grand temps faire ; car les Compagnies n’étoient que un petit au regard des François. Si se pénoit chacun de bien faire la besogne ; et reboutèrent leurs ennemis par force d’armes tout hors de la ville. Et advint ainsi, pendant que on se battoit, que une route de Compagnies que le bourg de Breteuil et Naudon de Bagerent menoient, en la quelle route étoient bien quatre cents combattants, se boutèrent parderrière en la ville, et avoient chevauché toute la nuit en grand’hâte pour là être, car on leur avoit donné à entendre que les François avoient assiégé leurs compagnons de Montalban. Si vinrent tout à point à la bataille. Là eut de rechef grand butin et dur ; et furent ces François par ces nouvelles gens fièrement assaillis et combattus, et dura cette bataille dès l’heure de tierce jusques à la basse nonne. Finablement les François furent déconfits et mis en chasse, et ceux tous heureux qui purent partir, monter à cheval et aller leur voie. Là furent pris le comte de Narbonne, messire Guy d’Azay, le comte d’Uzès, le sire de Montmorillon, le sénéchal de Carcassonne, le sénéchal de Beaucaire et plus de cent chevaliers, que de France, que de Provence, que des marches de là environ, et mains écuyers et mains riches hommes de Toulouse et de Montpellier ; et encore eussent-ils plus pris, s’ils eussent chassé, mais ils n’étoient que un peu de gens mal montés ; si ne s’osèrent aventurer plus avant et se tinrent à ce que ils eurent. Cette escarmouche fut à Montalban la vigile Notre-Dame en août, l’an de grâce {{rom|mccc lxvi}}.


<section end="ch214"/>
<section end="ch214"/>