« Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/196 » : différence entre les versions

 
(Aucune différence)

Dernière version du 22 juillet 2021 à 16:28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en posséda la plus grande partie, et prit dans ses titres celui de marquis de La Vega, qui est passé à ses descendans ; mais leur tyrannie et leurs exactions arrêtèrent les progrès de la colonie. On la vit bornée long-temps à La Vega, d’où les habitans faisaient cultiver les terres par leurs esclaves. Ensuite, lorsque le Portugal fut soumis à cette couronne, les Portugais, beaucoup plus industrieux, tentèrent en vain d’augmenter la culture et le commerce de la Jamaïque : ils trouvèrent des obstacles invincibles dans la jalousie des Espagnols, qui, menant une vie oisive, sans aucune sorte de manufactures et de commerce, se contentaient de tirer leur subsistance de leurs plantations, et de vendre ce qu’ils avaient de superflu aux vaisseaux qui passaient sur leurs côtes. C’était néanmoins pour s’assurer la possession d’une île si négligée qu’ils avaient massacré plus de six mille Américains, ses habitans naturels. Ils n’étaient pas eux-mêmes plus de quinze cents, avec le même nombre d’esclaves noirs, lorsqu’elle fut conquise par les Anglais en 1655.

Les nègres, après la défaite de leurs maîtres, égorgèrent quelques officiers qui les commandaient, et se donnèrent pour chef un esclave de leur nation. Ils continuèrent quelque temps de se soutenir dans les montagnes, où ils vivaient de chasse et de pillage ; enfin la crainte de se voir forcés dans cette retraite en détermina le plus grand nombre à se soumettre au chef anglais, qui leur fit grâce lorsqu’ils eurent aban-