« Contre l’antisémitisme » : différence entre les versions

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notes
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''En réponse aux questions que je posais, M. Drumont publia dans la '''Libre Parole '''du 22 mai, un article auquel il voulut bien donner pour titre : Un Émule de Zola. Cet article commençait ainsi :''
 
''« Pour une fois que j'ai eu la faiblesse de dire quelque chose d'aimable à un Juif, je n'ai vraiment pas eu de chance. J'avoue que j'avais trouvé dans l'antisémitisme, son histoire et ses causes de Bernard Lazare, quelques pages empreintes d'une certaine impartialité<ref>— Voici ce qu'écrivait à propos de ce livre M. Édouard Drumont dans la ''(1)Libre Parole''du 10 janvier 1895 : « C'est un livre remarquable, ai-je dit, que cet essai d'histoire de l'''Antisémitisme''; c'est un livre fort nourri de faits et dominé ''d'un bout à l'autre''par un bel effort d'impartialité, par la consigne donnée au cerveau de ne pas céder aux impulsions de la race. » </ref>. Je l'ai dit, et M. Bernard Lazare en profite aujourd'hui pour m'être désagréable à propos de l'article de Zola. Que voulez-vous ? La race est comme cela... »''
 
''Dans le '''Voltaire '''du 24 mai, je répondis à M. Drumont.''
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Mais si je n'ai aucun motif pour être agréable à M. Drumont, je n'en ai pas non plus pour lui être désagréable. Il me fera peut-être l'honneur de croire que ce sont des mobiles plus hauts et plus graves qui me poussent.
 
Je n'ai jamais varié d'opinion sur M. Drumont. Dans mon livre sur l'l’''Antisémitisme, son histoire et ses causes<ref>— ''L'(2)'antisémitisme, son histoire et ses causes.'' Léon Chailley, éditeur, 42 rue de Richelieu.</ref>'' — dans lequel il a trouvé quelques pages qui lui semblaient « empreintes d'une certaine impartialité » — j'ai écrit (page 241) : « M. Drumont est le type de l'antisémite assimilateur qui a fleuri ces dernières années en France et qui a pullulé en Allemagne. Polémiste de talent, vigoureux journaliste et satiriste plein de verve, M. Drumont est un historien mal documenté, un sociologue et surtout un philosophe médiocre. » J'ajoutais en parlant de quelques historiens, économistes et philosophes qui professaient l'antisémitisme : « Il ne peut, sous aucun rapport, être comparé à des hommes de la valeur de H. de Treitschke, d'Adolphe Wagner, et d'Eugène Duhring. » A cette époque, M. Drumont me répondit qu'il ne connaissait aucun de ceux dont je parlais. — Cela ne me surpris pas et il y a bien d'autres choses encore qu'il ignore. — Il voulut bien, néanmoins, me dire que malgré cela, il les aimait, parce qu'ils détestaient les Juifs, mais qu'il leur était certainement supérieur puisqu'il était Français.
Avec un raisonnement semblable, on arrive facilement à considérer Meilhac comme supérieur à Shakespeare, et Jean Aicard à Gœthe.
 
Ce que je disais dans mon livre, je l'ai redit dans une brochure qui s'appelait ''Antisémitisme et Révolution<ref>— Lettres ''prolétariennes. Antisémitisme et Révolution'' (3Paris, mars 1895)</ref>,'' J'écrivais là : M. Drumont est « ''perturbé par l'hystérie religieuse et, d'autre part, s'il fait illusion avec de gros fatras, il est sur bien des points ignorant comme une carpe, et sa façon d'écrire l'histoire vaut bien celle du père Loriquet<ref>—; ''Antisémitisme et Révolution'' (4p.14) </ref>''. » Ces diverses appréciations n'avaient pas altéré la bienveillance de M. Drumont à mon égard, et j'ignore vraiment pourquoi mon dernier article me l'a fait perdre. Qu'importe, je m'en consolerai, mais je ne pourrai, malgré tout, que maintenir les jugements que j'ai portés sur lui. Pas plus aujourd'hui qu'hier je ne croirai à sa science, à sa sociologie et à sa gloire immortelle. Veut-il me dire qui étaient Lampon et Isidore, qui étaient Eisenmenger et Wagenseil ? Les deux premiers agitèrent Alexandrie et firent se ruer la populace grecque contre les Juifs. Les deux seconds ont écrit contre les Juifs des livres plus gros que la ''France Juive''et plus savants. Leur nom n'est même pas connu des antisémites ; c'est peut-être encore moi qui les leur apprendrai. L'oubli dans lequel ils sont tombés pourrait servir à M. Drumont de sujet de méditation. Je le lui affirme : il y aura encore des Juifs dans le monde que son nom aussi sera oublié, à moins qu'un Josèphe ne le conserve comme fut conservé le nom d'Appion.
Mais c'est assez sur ce sujet et je veux reprendre les pseudo-réponses de M. Drumont : ''« Une autre facétie, écrit-il, à laquelle se livre volontiers M. Lazare, c'est de soutenir que je veux faire massacrer le petit Juif qui gagne quarante sous par jour. Or, en admettant que le petit Juif qui gagne quarante sous par jour ne soit pas un mythe, je n'ai jamais nourri contre lui les noirs desseins que me prête M. Lazare, et M. Lazare serait bien en peine de me montrer la page où j'ai poussé à l'égorgement de ce petit Juif. »''
 
Je passerai sur le doute qu'émet M. Édouard Drumont touchant à la situation économique de certains Juifs<ref> (5)—; Si M. Drumont connaissait les questions dont il veut parler, il saurait que, s'il y a huit millions de Juifs dans le monde, les 7/8 sont ou des prolétaires, ou des pauvres.
</ref>.
 
De deux choses l'une : ou il est mal renseigné et il n'en a pas le droit, puisqu'il s'occupe des Juifs, ou l'aveu de la misère des sept huitième des Juifs du monde gênerait ses polémiques et sa doctrine et il affecte d'ignorer cette misère. Venons au reste. Je n'ai pas écrit que M. Drumont excitait directement à l'égorgement des petits Juifs, mais j'aurais pu l'écrire et j'aurais eu raison, même en ne citant pas de lui une page où il ait poussé s'une façon formelle à cet égorgement. Lorsque son journal injurie tous ceux dont le nom est sémite, lorsque ses amis, qu'il approuve et félicite en les haranguant, crient « Mort aux Juifs ! », ils ne me paraissent pas s'adresser uniquement aux financiers cosmopolites. Est-ce contre les financiers cosmopolites qu'ils manifestaient, dimanche dernier, devant la porte de quelques commerçants juifs ? Est-ce contre ces financiers que se forment, soutenues par le clergé, ces ligues de Lyon, de Valenciennes et de Lille dont le mot d'ordre est : « N'achetez rien aux Juifs ! » Quand on prend comme devise : « Guerre aux Juifs », il devient de mauvaise foi de soutenir qu'on ne s'attaque qu'à une certaine catégorie d'entre eux, et qui est dans la vérité, vous, Drumont, qui affirmez ne pas vouloir de mal à ceux d'entre les Israélites qui n'appartiennent pas à la finance, ou moi qui soutiens qu'avec votre système, on laisserait en paix les capitalistes chrétiens en se ruant sur tous les Juifs indistinctement, puisque le signe qui distingue, de votre propre aveu, vos ennemis, est non pas une fortune disproportionnée, mais un nez crochu ?
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== Notes ==
 
<references/>
'''(1) '''— Voici ce qu'écrivait à propos de ce livre M. Édouard Drumont dans la ''Libre Parole''du 10 janvier 1895 : « C'est un livre remarquable, ai-je dit, que cet essai d'histoire de l'''Antisémitisme''; c'est un livre fort nourri de faits et dominé ''d'un bout à l'autre''par un bel effort d'impartialité, par la consigne donnée au cerveau de ne pas céder aux impulsions de la race. »
'''(2)''' — ''L'antisémitisme, son histoire et ses causes.''Léon Chailley, éditeur, 42 rue de Richelieu.
'''(3) '''— Lettres ''prolétariennes. Antisémitisme et Révolution''(Paris, mars 1895)
'''(4)''' —; ''Antisémitisme et Révolution'' (p.14)
'''(5)''' —; Si M. Drumont connaissait les questions dont il veut parler, il saurait que, s'il y a huit millions de Juifs dans le monde, les 7/8 sont ou des prolétaires, ou des pauvres.