« Contre l’antisémitisme » : différence entre les versions

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== PRÉFACE ==
 
Il m'a paru bon de réunir les articles que j'ai publiés dans le ''Voltaire''sur l'antisémitisme et sur celui qui en prétend être le chef. J'ai rappelé en même temps les circonstances qui ont provoqué la polémique dont on connaît l'issue. En lisant cela, on verra comment un Juif a entendu la discussion, et comment un ''Français de France,'' catholique, a su y répondre. L'opinion publique jugera. Elle dira de quel côté a été la courtoisie, l'urbanité, le respect de soi-même, la logique et la raison. Si toutefois on trouve légitime que les injures soient la seule réplique à des arguments, je ne m'inclinerai pas devant un tel verdict. Je protesterai toujours contre des mœurs, qui tendent à rendre impossibles, entre adversaires, tous rapports, autres que des rapports brutaux, et contre des procédés que je n'estime dignes ni de penseurs, ni d'écrivains.
Je pourrais me borner à ces déclarations préliminaires et les considérer comme une suffisante préface aux articles dont je viens de parler, mais le titre que j'ai donné à cette brochure me fait un devoir d'exposer d'une façon plus précise ma pensée sur l'antisémitisme.
 
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En France où, depuis 1789 jusqu'à ces dernières années, l'antisémitisme avait été sporadique, opinion scripturaire sans écho, sans contre-coup, sans action, il a fallu deux choses pour faire renaître les animosités d'autrefois. D'abord, et c'est là une raison grave et profonde, le triomphe de l'état laïque sur l'état chrétien. L'Église a rendu les juifs et les hérétiques responsables de sa défaite, elle s'est retournée contre eux, et elle a commencé par attaquer Israël ; maintenant plus aguerrie, rendue audacieuse par l'inaction même de ses adversaires, elle ose plus et c'est contre le franc-maçon, contre le libre-penseur, contre le protestant qu'elle se dresse. La démocratie a laissé grandir l'antisémitisme sans protester contre lui. Au contraire, par dilettantisme, par snobisme, ou bien par lâcheté, elle a laissé faire. Demain, peut-être, elle comprendra le danger, elle verra le filet dont elle s'est laissée entourer. Il sera trop tard et c'est par des années de réaction cléricale qu'elle paiera son inertie et son aveuglement.
 
Venons maintenant à la cause occasionnelle de l'antisémitisme, celle qui a déterminé le choc. C'est le krach de l'l’''Union générale.''La défaite de l'''Union générale''a été la défaite du capital et de la spéculation catholique. On a rendu la finance juive responsable de ce résultat et la campagne antijuive a été inaugurée en guise de représailles. Le capital catholique s'est rué à l'assaut du capital israélite et l'histoire de cette période sera, pour l'historien futur, intéressante comme un épisode de la lutte entre capitalistes, et même de la lutte entre deux formes de capital.
 
L'antisémitisme s'est donc manifesté tout d'abord sous la forme d'une guerre contre la finance cosmopolite et, pendant longtemps, ses champions et ses théoriciens ont affecté de rester sur ce terrain. Ils prétendent, aujourd'hui encore, s'y tenir et feignent d'être exclusivement les ennemis de l'agiotage et des manieurs d'argent.
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Quand les antisémites affirmaient qu'ils ne voulaient travailler que pour le bien du peuple, lorsqu'ils prétendaient combattre l'exploitation de l'homme par l'homme, je leur ai répondu que, comme ils voulaient supprimer seulement le Juif riche en laissant subsister le régime capitaliste, ils n'arriveraient à rien et que la situation du pauvre et du prolétaire serait la même après qu'avant.
 
J'étais fort naïf en ce temps-là. Mieux éclairé, mieux averti, j'ai affirmé, et j'affirme encore que les antisémites sont les défenseurs du capital chrétien, je veux dire du capital catholique, et je les défie toujours de prouver le contraire. J'élargis cette affirmation. Les antisémites combattent non seulement pour défendre le capital catholique, mais encore pour conquérir pour les citoyens catholiques, aux dépens des autres citoyens, des avantages, des privilèges et des prébendes. Ils rêvent la reconstitution de l'État chrétien, celui qui ne conférera des avantages qu'aux fils soumis de l'Église. Quel antisémite osera le nier ? Aucun. Je proteste donc maintenant contre l'antisémitisme, au nom de la liberté, au nom du droit, au nom de la justice. Serai-je le seul à élever la voix ? J'espère que non.
 
 
== HISTOIRE D'UNE POLÉMIQUE ==