« Sophie-Dorothée, femme de George Ier » : différence entre les versions

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{{journal|Sophie-Dorothée, femme de George Ier|[[Auteur:Philarète Chasles|Philarète Chasles]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.11 1845}}
 
Le 16 novembre 1726, trois voitures de deuil quittaient la forteresse d'Ahlden, château féodal des ducs de Brunswick. Un écusson voilé d'un crêpe s'abaissait au-dessus de la porte; le pont-levis retentissait sous le poids du catafalque, et le même blason, composé des armoiries écartelées de la maison d'Olbreuse en Poitou et de la maison princière de Brunswick-Lünebourg, se répétait sur le cercueil et sur les carrosses. Il était difficile de comprendre la solennité de ces funérailles en ce lieu pauvre et isolé. Dans la première voiture, il y avait une femme qui pleurait; dans la seconde et la troisième, on apercevait quelques figures de cérémonie, physionomies plates de baillis, de surintendans et de dames d'honneur germaniques. Les eaux demi-glacées de l'Aller, éclairées d'un soleil gris et terne, la rue tortueuse du petit village d'Ahlden avec ses cailloux inégaux, la pauvre population étiolée de tisserands chétifs qui apparaissaient sur les portes, le bonnet à la main, pour saluer le cadavre, composaient une scène triste et complète, à laquelle il ne manquait rien, pas même les larmes de ces bonnes gens du village et les pas mesurés des quarante trabans au costume hongrois, montés sur de lourds chevaux. Six cents personnes environ, hommes, femmes et enfans, suivirent humblement le cercueil de leur bienfaitrice, qui allait dormir, après une vie de douleur, dans un caveau de princes.