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VIE DE VOLTAIRE.

deur de caractère au-dessus de toutes les dissimulations, qu’à ses yeux les plus grandes places n’étaient qu’un moyen d’exécuter ses vues salutaires, et ne lui paraîtraient plus qu’un vil esclavage, s’il perdait cette espérance. Enfin, il savait qu’affranchi de tous les préjugés, et haïssant en eux les ennemis les plus dangereux du genre humain, M. Turgot regardait la liberté de penser et d’imprimer comme un droit de chaque citoyen, un droit des nations entières, dont les progrès de la raison peuvent seuls appuyer le bonheur sur une base inébranlable.

Voltaire vit dans la nomination de M. Turgot l’aurore du règne de cette raison si longtemps méconnue, plus longtemps persécutée ; il osa espérer la chute rapide des préjugés, la destruction de cette politique lâche et tyrannique qui, pour flatter l’orgueil ou la paresse des gens en place, condamnait le peuple à l’humiliation et à la misère.

Cependant ses tentatives en faveur des serfs du Mont-Jura furent inutiles, et il essaya vainement d’obtenir pour d’Étallonde, et pour la mémoire du chevalier de la Barre, cette justice éclatante que l’humanité et l’honneur national exigeaient également. Ces objets étaient étrangers au département des finances ; et cette supériorité de lumières, de caractère et de vertu, que M. Turgot ne pouvait cacher, lui avait fait de tous les autres ministres, de tous les intrigants subalternes, autant d’ennemis qui, n’ayant à combattre en lui ni ambition, ni projets personnels, s’acharnaient contre tout ce qu’ils croyaient d’accord avec ses vues justes et bienfaisantes.