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POLYBE, LIV. XXV.

mercier Ptolémée des armes et de l’argent qu’il avait déjà auparavant envoyés, et pour recevoir les galères, les Achéens choisirent dans leur conseil Lycortas, Polybe et le jeune Aratus. Lycortas fut choisi par la raison, qu’étant préteur dans le temps qu’on avait renouvelé l’alliance avec Ptolémée, il avait pris avec chaleur les intérêts de ce prince. On lui associa Polybe, quoiqu’il n’eût point encore atteint l’âge prescrit par les lois, parce que c’était son père qui avait été député pour renouveler l’alliance avec le roi d’Égypte, et apporter dans l’Achaïe les armes et l’argent que ce prince avait donnés à la ligue des Achéens. Enfin on joignit Aratus aux deux autres, parce que ses ancêtres avaient été fort aimés des Ptolémées. Cette ambassade ne sortit cependant pas de l’Achaïe, parce que lorsqu’elle se disposait à partir, Ptolémée mourut. (Ibid.)


Chœron.


Ce Lacédémonien, l’année précédente, avait été député à Rome. Quoique jeune, de basse naissance et mal élevé, il ne laissait pas que d’avoir de l’habileté pour les affaires. Par les mouvements qu’il excita parmi le peuple, et par une entreprise que tout autre que lui n’aurait osé tenter, il se fit en peu de temps de la réputation. D’abord il distribua légèrement et en parties inégales, aux plus vils citoyens, les terres que les tyrans avaient accordées aux sœurs, aux femmes, aux mères et aux enfans de ceux qui avaient été bannis. Ensuite, sans égard pour les lois, sans décret public, sans l’autorité du magistrat, il usa des richesses de l’état comme si elles lui eussent appartenu, et dissipa en folles dépenses les revenus de la république. Quelques citoyens, indignés de cette conduite, demandèrent avec des instances réitérées que, suivant les lois, on établît des questeurs pour garder le trésor public, ce qui fut exécuté. Mais Chœron, que sa conscience inquiétait, prit des mesures pour se mettre à l’abri des perquisitions de ces nouveaux officiers. Un d’entre eux, nommé Apollonides, était le plus capable de pénétrer dans toutes ses malversations. Il aposta quelques assassins qui le massacrèrent lorsqu’il revenait du bain. Cette nouvelle, portée chez les Achéens, souleva toute la multitude contre l’auteur du meurtre. Le préteur partit aussitôt pour Lacédémone ; là il se saisit de Chœron, lui ordonna de répondre sur le crime dont il était accusé, et après l’avoir condamné, il le fit jeter dans un cachot. Il exhorta ensuite les autres questeurs à rechercher avec soin les deniers publics, et à faire en sorte que les terres enlevées aux parens des bannis leur fussent exactement rendues. (Ibid.)


Philopœmen et Aristène.


Entre ces deux préteurs des Achéens, on remarquait une grande différence, soit du côté du caractère, soit dans la manière de gouverner. Le premier était né pour la guerre ; le corps et l’esprit semblaient être faits pour cela. L’autre était propre à délibérer et à haranguer dans des conseils. On reconnut surtout en quoi l’un différait de l’autre, lorsque la république romaine étendit sa puissance et son autorité dans la Grèce, c’est-à-dire au temps des guerres de Philippe et d’Antiochus. Alors la politique d’Aristène consistait à faire sans délai tout ce qu’il croyait être de l’intérêt des Romains, quelquefois même avant qu’il

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