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POLYBE, LIV. XXV.

loponnèse, qu’ils remirent aux Achéens les lettres qu’ils avaient reçues pour eux de la part du sénat, et par lesquelles on leur mandait de rétablir les exilés dans leur patrie. On leur répondit qu’on attendait pour délibérer sur ces lettres, que les ambassadeurs achéens fussent de retour de Rome. Après quoi l’on grava sur une colonne le traité qui avait été conclu avec les Messéniens, et on leur accorda l’indemnité pour trois ans ; de sorte que le dégât qui s’était fait dans leur pays ne leur fut pas plus préjudiciable qu’aux Achéens. Peu après, Bippe arriva de Rome, et rapporta que quand le sénat avait écrit en faveur des exilés, c’était moins parce qu’il avait leur rétablissement à cœur, que pour se délivrer de leurs importunités. Sur cette assurance, les Achéens jugèrent qu’il ne fallait rien changer à ce qui avait été réglé. (Ibid.)


III.


Les Romains tâchent en vain de porter Pharnace à vivre en paix avec Eumène et Ariarathe.


Dans l’Asie, Pharnace, sans se mettre en peine de ce que les Romains décideraient, fit partir Léocrite à la tête de dix mille hommes pour piller la Galatie, et, au commencement du printemps, il assembla ses troupes comme pour se jeter dans la Cappadoce. Eumène, indigné de voir les traités les plus solennels si indignement violés, amassa aussi ses troupes. Toutes étaient prêtes à partir, lorsque Attalus arriva de Rome. Après quelques conférences sur l’affaire présente, ils marchèrent ensemble contre Léocrite, qu’ils ne trouvèrent point dans la Galatie, et s’avancèrent vers Pharnace. Dans la route ils rencontrèrent des députés qui, de la part de Carsignat et de Gésotore, lesquels avaient auparavant pris le parti de Pharnace, demandaient qu’on ne leur fît point de tort, et promettaient de faire tout ce qui leur serait ordonné ; mais les deux rois, irrités de l’infidélité de ces princes, ne voulurent pas les écouter. De Calpite, en cinq jours, ils arrivèrent au fleuve Halys, et six jours après à Amise. Là, le roi de Cappadoce joignit son armée aux leurs, et tous trois ensemble firent le dégât dans le plat pays. Ils y étaient campés lorsque les ambassadeurs qui avaient été envoyés de Rome pour la paix arrivèrent. La nouvelle en étant venue à Eumène, il pria Attalus d’aller au-devant d’eux ; et, pour leur faire voir qu’il était par lui-même en état de résister à Pharnace, et même de le mettre à la raison, il augmenta le nombre de ses troupes, et les fournit de tout ce qui pouvait leur être nécessaire.

Quand les ambassadeurs furent arrivés, ils exhortèrent Eumène et Ariarathe à ne pas prolonger plus long-temps la guerre. Les deux princes témoignèrent qu’ils étaient prêts à mettre bas les armes ; mais ils prièrent les députés d’assembler un conseil où Pharnace se trouvât avec eux, afin qu’ils pussent le convaincre, en face, de sa perfidie et de sa cruauté ; que s’il n’était pas possible de l’y faire venir, au moins ils examinassent en juges droits et équitables les plaintes qu’il y avait contre ce prince. Les ambassadeurs ne purent se refuser à des demandes si justes et si raisonnables ; mais ils représentèrent aux deux rois qu’il fallait auparavant qu’ils retirassent leurs armées du pays, qu’on les avait envoyés pour terminer la guerre, et que des actes d’hostilité s’accorderaient mal avec des conférences sur la paix. Eumène y consentit, et, dès le lendemain, il décampa pour se retirer dans la Galatie. Les am-

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