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POLYBE, LIV. XXV.

la nouvelle qui s’en répandit, Lycortas assembla le peuple à Sicyone, et y mit en délibération si l’on recevrait Sparte dans la ligue des Achéens. Pour porter la multitude à l’y recevoir, il représenta que les Romains, à la disposition desquels on avait ci-devant abandonné cette ville, ne voulaient plus en être chargés ; qu’ils avaient déclaré aux ambassadeurs que cette affaire ne les regardait pas ; que ceux qui, dans Sparte, étaient à la tête des affaires, souhaitaient entrer dans la ligue, qu’il trouvait à l’admettre deux avantages considérables : le premier, qu’ils s’associeraient un peuple qui leur avait accordé une fidélité inviolable ; l’autre, que les Achéens n’auraient plus parmi eux et dans leur conseil ces anciens bannis dont ils avaient éprouvé l’ingratitude et l’impiété, qu’on les chasserait hors de la ville pour y recevoir d’autres citoyens qui, amis du gouvernement, auraient une reconnaissance proportionnée au bienfait qui leur aurait été accordé. Tels furent les raisons et les motifs dont Lycortas se servit pour engager sa nation à joindre Sparte à la ligue des Achéens. Diophane et quelques autres prirent la défense des exilés. « N’est-ce pas assez, disaient-ils, qu’ils soient interdits et chassés de leur patrie ? Voulez-vous encore aggraver leurs infortunes en faveur d’un petit nombre de personnes, et prêter votre puissance à ceux qui, contre tout droit et raison, les ont éloignés de leurs foyers ? » Malgré cette opposition, le conseil décida que Sparte serait reçue dans la ligue, et, en effet, elle y fut reçue, et l’on en grava le décret sur la colonne. À l’égard des anciens bannis, on ne fit grâce qu’à ceux d’entre eux qu’on ne pouvait convaincre d’avoir rien entrepris contre la nation des Achéens.

Cette affaire finie, les Achéens députèrent à Rome Bippe d’Argos pour informer le sénat de ce qu’ils avaient fait. Les Lacédémoniens y envoyèrent Charon et les exilés Clétis, pour défendre leur cause contre les ambassadeurs des Achéens. Il en fut aussi de la part d’Eumène, d’Ariarathe et de Pharnace. Les ambassadeurs de ces trois princes eurent audience les premiers. Il n’était pas besoin que les pères les écoutassent long-temps. Ils étaient déjà informés de la modération d’Eumène, de l’avarice et de l’orgueil de Pharnace par Quintus Marcius et les autres commissaires qu’ils avaient députés pour connaître de la guerre qui était entre ces deux princes. Ils répondirent qu’ils enverraient de nouveaux commissaires pour examiner encore plus exactement de quoi il s’agissait entre les deux rois. On appela ensuite les exilés de Lacédémone avec ceux que les habitans avaient députés. Après avoir entendu les uns et les autres, on ne dit rien aux ambassadeurs de la ville qui marquât que l’on fût mécontent de ce qui s’était passé. Pour les exilés, on leur promit qu’on écrirait aux Achéens de leur permettre de retourner dans leur patrie. Quelques jours après, Bippe, député de la part des Achéens, fut introduit dans le sénat, et y rapporta de quelle manière les Messéniens avaient été rétablis dans leur premier état, et non-seulement on ne désapprouva rien de ce qu’il avait dit, mais on lui fit encore beaucoup d’honneurs et d’amitiés. (Ambassades.) Dom Thuillier.


II.


Rétablissement des bannis de Lacédémone refusé.


Les exilés de Lacédémone ne furent pas plutôt revenus de Rome dans le Pé-