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POLYBE, LIV. XXIV.

dans son premier état. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


Sur Philippe.


Voilà donc la vengeance que tirèrent de Philippe ses propres amis jusqu’au jour où il quitta la vie. Un pareil exemple rend manifeste ce que dit le proverbe, qu’aucun mortel ne doit mépriser l’œil vigilant de la justice.

Philippe, roi de Macédoine, après avoir fait périr un grand nombre de Macédoniens, ordonna aussi le massacre de leurs enfans, se fondant, dit-on, sur ce vers qu’il récita :

Fou qui pardonne au fils dont il tua le père.

Son âme, aveuglée par la fureur, poursuivait dans les enfans la haine implacable qu’il avait vouée aux parens. (Angelo Mai et Jacobus Geel, ubi suprà.)


De la discorde des frères Démétrius et Persée.


La fortune faisait à cette époque monter, pour ainsi dire, sur un théâtre et comparaître devant tous les aventures de ces deux frères. Ce n’était pas seulement pour que nous y vissions de simples tragédies, des fables ou des histoires, mais pour que chacun y reconnût clairement que chaque fois que des frères laisseront naître et s’envenimer ces haines odieuses, non-seulement ils périront, mais encore ils occasionneront la ruine de leurs enfans et de leurs états. Chaque fois, au contraire, qu’ils conserveront les uns pour les autres une affection indulgente, ils deviendront les sauveurs des états dont j’ai parlé, et vivront avec gloire cités et loués dans l’univers.

Combien de fois, en vous parlant des rois de Lacédémone, ne vous ai-je pas dit qu’ils conservèrent à leur patrie l’empire de la Grèce tant qu’ils voulurent gouverner ensemble, sous la tutelle vigilante et paternelle des éphores ; mais, qu’aussitôt qu’ils aspirèrent chacun pour soi à la monarchie et qu’ils troublèrent l’état, ils accablèrent Sparte des plus affreux malheurs. Comme exemple plus frappant et plus rapproché, je citerai Attalus et Eumène, qui ont su, d’un si faible empire, faire un état si florissant, qu’il ne le cède à aucun autre. Comment y sont-ils parvenus, sinon par la concorde, la bonne intelligence, l’harmonie qui régna dans toutes leurs actions. Vous connaissez ces exemples, bien que votre conduite prouve que vous êtes loin de les prendre pour guides. (Ibid.)

(Ce fragment semble être un discours adressé par Philippe à ses fils.)


VIII.


Philopœmen, général des Achéens, fut empoisonné.


Ce fut un homme que personne avant lui ne surpassa en mérite, mais qui ne put maîtriser la fortune, bien qu’elle ait semblé dans le cours de sa vie s’associer à lui et le seconder. À cet égard, je pense comme le proverbe, qu’un homme peut être heureux, mais que ce bonheur l’accompagne rarement jusqu’à la fin de ses jours. Aussi faut-il féliciter, non pas ceux qui furent toujours heureux (car on ne doit pas sottement adorer la Fortune), mais ceux qui, dans leur carrière, parvinrent à se rendre favorable cette déesse malgré ses caprices, et n’éprouvèrent que des disgrâces supportables. (Ibid.)


IX.


Comme on délibérait dans le sénat au sujet d’une somme destinée à des