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VIE DE VOLTAIRE.


ne connaissent point ce trouble, cette horreur involontaire qu’excite dans tous les sens la vue, l’idée seule d’un oppresseur triomphant ou impuni ; et l’on doit plaindre ceux qui ont pu croire que l’auteur d'Alzire et de Brutus avait besoin de la gloire d’une bonne action pour défendre l’innocence et s’élever contre la tyrannie.

Une nouvelle occasion de venger l’humanité outragée s’offrit à lui. La servitude, solennellement abolie en France par Louis le Hutin, subsistait encore, sous Louis XV, dans plusieurs provinces. En vain avait-on, plus d’une fois, formé le projet de l’abolir. L’avarice et l’orgueil avaient opposé à la justice une résistance qui avait fatigué la paresse du gouvernement. Les tribunaux supérieurs, composés de nobles, favorisaient les prétentions des seigneurs.

Ce fléau affligeait la Franche-Comté, et particulièrement le territoire du couvent de Saint-Claude. Ces moines, sécularisés en 1742, ne devaient qu’à des titres faux la plupart de leurs droits de mainmorte, et les exerçaient avec une rigueur qui réduisait à la misère un peuple sauvage, mais bon et industrieux. À la mort de chaque habitant, si ses enfants n’avaient pas constamment habité la maison paternelle, le fruit de ses travaux appartenait aux moines. Les enfants, la veuve, sans meubles, sans habits, sans domicile, passaient du sein d’une vie laborieuse et paisible, à toutes les horreurs de la mendicité. Un étranger mourait-il après un an de séjour sur cette terre frappée de l’anathème féodal, son bien appartenait encore aux moines. Une fille n’héritait pas de son