« Un Hivernage dans les glaces » : différence entre les versions

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== I. LELe PAVILLONpavillon NOIRnoir ==
 
Le curé de la vieille église de Dunkerque se réveilla à cinq heures, le 12 mai 18.., pour dire, suivant son habitude, la première basse messe à laquelle assistaient quelques pieux pêcheurs.
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André Vasling avait ramené la Jeune-Hardie ; mais Louis Cornbutte, le fiancé de Marie, n’était plus à son bord.
 
== II. LELe PROJETprojet DEde JEANJean CORNBUTTECornbutte ==
 
Dès que la jeune fille, confiée aux soins de charitables amis, eut quitté le brick, le second, André Vasling, apprit à Jean Cornbutte l’affreux événement qui le privait de revoir son fils, et que le journal du bord rapportait en ces termes :
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Où va ce navire ? Il suit la route périlleuse sur laquelle se sont perdus tant de naufragés ! Il n’a pas de destination certaine ! Il doit s’attendre à tous les périls, et savoir les braver sans hésitation ! Dieu seul sait où il lui sera donné d’aborder ! Dieu le conduise !
 
== III. LUEURLueur D’ESPOIRd’espoir ==
 
À cette époque de l’année, la saison était favorable, et l’équipage put espérer arriver promptement sur le lieu du naufrage.
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Grâce à l’activité de l’équipage, le brick fut armé vers le 16 juillet, quinze jours après son arrivée à Bodoë. C’était alors l’époque favorable pour tenter des explorations dans les mers arctiques. Le dégel s’opérait depuis deux mois, et les recherches pouvaient être poussées plus avant. La Jeune-Hardie appareilla donc et se dirigea sur le cap Brewster, situé sur la côte orientale du Groënland, par le soixante-dixième degré de latitude.
 
== IV. DANSDans LESles PASSESpasses ==
 
Vers le 23 juillet, un reflet, élevé au-dessus de la mer, annonça les premiers bancs de glaces qui, sortant alors du détroit de Davis, se précipitaient dans l’Océan. À partir de ce moment, une surveillance très-active fut recommandée aux vigies, car il importait de ne point se heurter à ces masses énormes.
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Un phénomène, très-commun dans ces parages, venait de se produire. Lorsque ces masses flottantes se détachent les unes des autres à l’époque du dégel, elles voguent dans un équilibre parfait ; mais en arrivant dans l’Océan, où l’eau est relativement plus chaude, elles ne tardent pas à se miner à leur base, qui se fond peu à peu et qui d’ailleurs est ébranlée par le choc des autres glaçons. Il vient donc un moment où le centre de gravité de ces masses se trouve déplacé, et alors elles culbutent entièrement. Seulement, si ce bloc se fût retourné deux minutes plus tard, il se précipitait sur le brick et l’effondrait dans sa chute.
 
== V. L’ÎLEL’île LIVERPOOLLiverpool ==
 
Le brick voguait alors dans une mer presque entièrement libre. À l’horizon seulement, une lueur blanchâtre, sans mouvement cette fois, indiquait la présence de plaines immobiles.
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Enfin la navigation redevint libre, et le brick fut remorqué au delà du banc qui l’avait si longtemps retenu.
 
== VI. LELe TREMBLEMENTtremblement DEde GLACESglaces ==
 
Pendant quelques jours encore, la Jeune-Hardie lutta contre d’insurmontables obstacles. L’équipage eut presque toujours la scie à la main, et souvent même on fut forcé d’employer la poudre pour faire sauter les énormes blocs de glaces qui coupaient le chemin.
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Effectivement, le brick flottait à deux milles au vent. Après des peines infinies, la petite troupe l’atteignit. Le brick était en bon état ; mais son gouvernail, que l’on avait négligé d’enlever, avait été brisé par les glaces.
 
== VII. LESLes INSTALLATIONSinstallations DEde L’HIVERNAGEl’hivernage ==
 
Penellan avait encore une fois raison : tout était pour le mieux, et ce tremblement de glaces avait ouvert au navire une route praticable jusqu’à la baie. Les marins n’eurent plus qu’à disposer habilement des courants pour y diriger les glaçons de manière à se frayer une route.
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Tous ces préparatifs durèrent environ trois semaines. Il fut alors question de pousser les recherches plus avant. Le navire était emprisonné pour six ou sept mois, et le prochain dégel pouvait seul lui ouvrir une nouvelle route à travers les glaces. Il fallait donc profiter de cette immobilité forcée pour diriger des explorations dans le nord.
 
== VIII. PLANPlan D’EXPLORATIONSd’explorations ==
 
Le 9 octobre, Jean Cornbutte tint conseil pour dresser le plan de ses opérations, et, afin que la solidarité augmentât le zèle et le courage de chacun, il y admit tout l’équipage. La carte en main, il exposa nettement la situation présente.
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Le départ fut fixé au lendemain.
 
== IX. LALa MAISONmaison DEde NEIGEneige ==
 
Le 23 octobre, à onze heures du matin, par une belle lune, la caravane se mit en marche. Les précautions étaient prises, cette fois, de façon que le voyage pût se prolonger longtemps, s’il le fallait. Jean Cornbutte suivit la côte, en remontant vers le nord. Les pas des marcheurs ne laissaient aucune trace sur cette glace résistante. Aussi Jean Cornbutte fut-il obligé de se guider au moyen de points de repère qu’il choisit au loin ; tantôt il marchait sur une colline toute hérissée de pics, tantôt sur un énorme glaçon que la pression avait soulevé au-dessus de la plaine.
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André Vasling ne pouvait pas dissimuler le plaisir que lui causait cette détermination. Il se montra plus empressé que jamais près de la jeune fille, à laquelle il fit même espérer que de nouvelles recherches seraient entreprises après l’hiver, sachant bien qu’elles seraient alors trop tardives !
 
== X. ENTERRÉSEnterrés VIVANTSvivants ==
 
La veille du départ, au moment du souper, Penellan était occupé à briser des caisses vides pour en fourrer les débris dans le poêle, quand il fut suffoqué tout à coup par une fumée épaisse. Au même moment, la maison de neige fut comme ébranlée par un tremblement de terre. Chacun poussa un cri de terreur, et Penellan se précipita au dehors.
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Le moment du repos était arrivé, et, lorsque Penellan eut encore creusé la galerie d’un pied, il revint se coucher près de ses compagnons.
 
== XI. UNUn NUAGEnuage DEde FUMÉEfumée ==
 
Le lendemain, quand les marins se réveillèrent, une obscurité complète les enveloppait. La lampe s’était éteinte. Jean Cornbutte réveilla Penellan pour lui demander le briquet, que celui-ci lui passa. Penellan se leva pour allumer le réchaud ; mais, en se levant, sa tête heurta contre le plafond de glace. Il fut épouvanté, car, la veille, il pouvait encore se tenir debout. Le réchaud, allumé, à la lueur indécise de l’esprit-de-vin, il s’aperçut que le plafond avait baissé d’un pied.
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« Et mon fils ! Et Louis ! » cria Jean Cornbutte avec l’accent du plus profond désespoir.
 
== XII. RETOURRetour AUau NAVIREnavire ==
 
À ce moment, un homme, presque mourant, sortant de la hutte, se traîna sur la glace.
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De crainte que ce malheur ne se renouvelât, on résolut de ne plus déposer de provisions à terre. Tout demeura à bord du brick, et on disposa également des lits pour les nouveaux arrivants dans le logement commun des matelots. Turquiette, Gervique et Gradlin, pendant l’absence de leurs compagnons, avaient creusé un escalier dans la glace qui permettait d’arriver sans peine au pont du navire.
 
== XIII. LESLes DEUXdeux RIVAUXrivaux ==
 
André Vasling s’était pris d’amitié pour les deux matelots norwégiens. Aupic faisait aussi partie de leur bande, qui se tenait généralement à l’écart, désapprouvant hautement toutes les nouvelles mesures ; mais Louis Cornbutte, auquel son père avait remis le commandement du brick, redevenu maître à son bord, n’entendait pas raison sur ce chapitre-là, et, malgré les conseils de Marie, qui l’engageait à user de douceur, il fit savoir qu’il voulait être obéi en tous points.
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Mais un jour, le 15 janvier, lorsque Louis Cornbutte descendit à la cambuse pour renouveler ses provisions de citrons, il demeura stupéfait en voyant que les barils où ils étaient renfermés avaient disparu. Il remonta près de Penellan et lui fit part de ce nouveau malheur. Un vol avait été commis, et les auteurs étaient faciles à reconnaître. Louis Cornbutte comprit alors pourquoi la santé de ses ennemis se soutenait ! Les siens n’étaient plus en force maintenant pour leur arracher ces provisions, d’où dépendaient sa vie et celle de ses compagnons, et il demeura plongé, pour la première fois, dans un morne désespoir !
 
== XIV. DÉTRESSEDétresse ==
 
Le 20 janvier, la plupart de ces infortunés ne se sentirent pas la force de quitter leur lit. Chacun d’eux, indépendamment de ses couvertures de laine, avait une peau de buffle qui le protégeait contre le froid ; mais, dès qu’il essayait de mettre le bras à l’air, il éprouvait une douleur telle qu’il lui fallait le rentrer aussitôt.
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Louis Cornbutte fit en un instant ces réflexions. Les ours avaient gravi les glaçons et montaient à l’assaut du navire. Louis Cornbutte put alors quitter le bloc qui le protégeait, il s’approcha en rampant sur la glace, et bientôt il put voir les énormes animaux déchirer la tente avec leurs griffes et sauter sur le pont. Louis Cornbutte pensa à tirer un coup de fusil pour avertir ses compagnons ; mais si ceux-ci montaient sans être armés, ils seraient inévitablement mis en pièces, et rien n’indiquait qu’ils eussent connaissance de ce nouveau danger !
 
== XV. LESLes OURSours BLANCS.blancs ==
 
Après le départ de Louis Cornbutte, Penellan avait soigneusement fermé la porte du logement, qui s’ouvrait au bas de l’escalier du pont. Il revint près du poêle, qu’il se chargea de garder, pendant que ses compagnons regagnaient leur lit pour y trouver un peu de chaleur.
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Louis Cornbutte et Penellan descendirent dans le logement, et Marie se précipita dans leurs bras.
 
== XVI. CONCLUSIONConclusion ==
 
Herming, mortellement blessé, avait été transporté sur un lit par Misonne et Turquiette, qui étaient parvenus à briser leurs liens. Ce misérable râlait déjà, et les deux marins s’occupèrent de Pierre Nouquet, dont la blessure n’offrit heureusement pas de gravité.