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votre terre ? À quoi lui ayant répondu que oui, et en grande quantité, mais non pas de telle sorte que le leur, lequel nous ne brûlions pas comme il pensait : ainsi, comme eux en usaient pour teindre leurs cordons et plumages, les nôtres l’emmenaient pour faire de la teinture ; il me répliqua : « Voire, mais en faut-il tant ? » Oui, lui dis-je, car y ayant tel marchand en notre pays qui a plus de frises et de draps rouges que vous n’en avez jamais vu par-deçà, un seul achètera tout l’araboutan dont plusieurs navires s’en retournent chargés. « Ha, ha ! dit mon sauvage, tu me contes merveilles ! » Puis, pensant bien à ce que je lui venais de dire, plus outre dit : « Mais cet homme tant riche dont tu parles ne meurt-il point ? » Si fait, si fait, lui dis-je, aussi-bien que les autres. Sur quoi, comme ils sont grands discoureurs, il me demanda derechef : « Et quand doncques il est mort, à qui est tout le bien qu’il laisse ? » À ses enfans, lui dis-je, s’il en a, et, à défaut d’iceux, à ses frères, sœurs ou plus prochains. « Vraiment, dit alors mon vieillard, à cette heure cognais-je que vous autres Maïrs êtes de grands fous ; que vous faut-il tant travailler à passer la mer pour amasser des richesses à ceux qui survivent après vous, comme si la terre qui vous a nourris n’était pas suffisante pour aussi les nourrir ? Nous avons des enfans et des parens, lesquels, comme tu vois, nous aimons ; mais parce que nous sommes assurés qu’après