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manité, comme disait M. Louis Bourdeau[1] « reproduit et résume dans ses artifices techniques les perfections éparses du monde animal », mais encore elle accumule de génération en génération des artifices de plus en plus perfectionnés. C’est ainsi que le stock se constitue, incessamment élargi, où les enfants des hommes viennent puiser, pour la lutte, des moyens d’action privilégiés.

Qu’il s’agisse en effet de la lutte directe ou indirecte, — du combat contre les vivants, de la résistance aux éléments, ou de la concurrence pour les aliments, — toujours on voit l’homme appeler les choses à son secours. C’est par l’arc et par le fusil qu’il devient plus redoutable que les fauves les plus féroces. C’est par la houe et par la charrue qu’il entr’ouvre et féconde la terre. Contre le froid il se défend par le feu, contre le ciel par le toit, contre la mer par la digue. Il vainc l’espace par le char, par la locomotive, par le steamer. Au fur et à mesure que sa civilisation se développe tous ces armements se compliquent : et leur ensemble finit par former un véritable monde artificiel, par l’intermédiaire duquel il s’adapte le monde naturel.

Mais si l’on veut embrasser toutes les conditions de la lutte qui sont spéciales à l’humanité, il ne faut pas oublier, au-dessus de ce monde artificiel, l’existence d’un autre monde, invisible, intérieur, composé des idées qui orientent la conduite de l’homme et qui à leur tour s’opposent ou s’accordent, se différencient et se hiérarchisent, — système de fins superposé au système des moyens. Ce n’est pas seulement par les procédés de son action, c’est par les mobiles de son effort que l’homme se distingue ; et il importe de spécifier non seulement ce par quoi, mais ce pour quoi il combat.

C’est en effet une explication bien vague que l’expression

  1. Les forces de l’industrie, Paris, p. 46 (F. Alcan).