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CHAPITRE II

LES CONDITIONS HUMAINES DE LA LUTTE POUR LA VIE

La lutte pour la vie n’est pas toujours ouvrière de progrès : en tous cas elle n’est pas l’unique ouvrière du progrès. C’est ce que nous a démontré une rapide revue des résultats récents de la biologie.

Cette démonstration ébranle déjà le pessimisme naturaliste qu’on oppose aux aspirations démocratiques ; nous avons constaté que, sur le terrain par lui choisi, dans le monde animal même, les faits sont loin de justifier en tout et pour tout ses conclusions décourageantes. Mais en outre, et indépendamment de ces restrictions préalables, la méthode du darwinisme social, qui consiste à transposer pour les appliquer à notre histoire les lois dégagées de l’évolution animale, n’est-elle pas sujette à caution ? Nous avons déjà vu, en examinant l’apologie naturaliste de la différenciation, combien il était dangereux d’oublier les phénomènes propres aux sociétés humaines et les modifications qu’ils imposent à tous les termes des problèmes. L’apologie naturaliste de la concurrence ne prête-t-elle pas aux mêmes équivoques ?

Nous savons bien qu’ici l’on ne se paie plus de métaphores et que le darwinisme atteint l’homme, pour le réintégrer dans la nature, plus directement que la théorie organique. Il a systématiquement diminué la distance que la philosophie