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On se sert de résine, de graisse, et plus efficacement encore de sel ammoniac, pour empêcher la calcination de l’étain au moment de son contact avec le fer. En plongeant une lame de fer polie dans l’étain fondu, elle se couvrira d’un enduit de ce métal ; et l’on a observé qu’en mettant de l’étain dans du fer fondu, ils forment ensemble de petits globules qui décrépitent avec explosion.

Au reste, lorsqu’on pousse l’étain, ou plutôt la chaux d’étain à un feu violent, elle s’allume et produit une flamme assez vive après avoir fumé ; on a recueilli cette fumée métallique qui se condense en poudre blanche. M. Geoffroy, qui a fait ces observations, remarque aussi que, dans la chaux blanche ou potée d’étain, il se forme quelquefois des parties rouges : ce dernier fait me paraît indiquer qu’avec un certain degré de feu, on viendrait à bout de faire une chaux rouge d’étain, puisque ce n’est qu’avec un certain degré de feu bien déterminé, et ni trop fort ni trop faible, qu’on donne à la chaux de plomb le beau rouge du minium.

Nous ne pouvons mieux finir cet article de l’étain qu’en rapportant les bonnes observations que MM. Bayen et Charlard ont faites sur les différents étains qui sont dans le commerce[1] ; ils en distinguent trois sortes : 1o l’étain tel qu’il sort des fonderies, et sans

    avec l’acide régalisé, laissera au fond du vase environ deux grains d’une poudre noire qui est du véritable arsenic…

    L’arsenic, en quelque petite proportion qu’il soit mêlé avec l’étain, n’y en eût-il que 1/20481, se manifeste encore lorsqu’on expose ce mélange dans l’eau régale. Recherches chimiques sur l’étain, par MM. Bayen et Charlard, p. 58 et suiv.

  1. Nous diviserons, disent-ils, tout l’étain qui se trouve dans le commerce intérieur du royaume :

    1o En étain pur et sans aucun mélange artificiel, tel enfin qu’il sort des fonderies ; 2o en étain allié dans les fonderies même avec d’autres métaux à des titres prescrits par l’usage ou par les lois du pays ; 3o en étain ouvragé par les potiers, qui sont tenus de se conformer, dans tout ce qu’ils font concernant leur art, à des règlements anciennement établis, et aujourd’hui trop peu suivis.

    L’étain pur ou sans mélange artificiel pourrait nous venir d’Angleterre, si, à ce qu’on assure, l’exportation n’en était pas prohibée par les lois du pays. Au défaut de celui d’Angleterre, il nous en est apporté en assez grande quantité des Indes… On nomme ce dernier étain de Banca ou de Malaca, ou simplement de Malac ; celui-ci nous arrive en petits lingots pesant une livre, et qui, à cause de leur forme, ont été appelés petits chapeaux ou écritoires.

    L’étain qui se vend sous le nom de Banca se fait distinguer du précédent, et par la forme de ses lingots qui sont oblongs, et par leur poids qui est de quarante-cinq à cinquante livres, et même au-dessus. Du reste, ces lingots de Banca et de Malaca n’ont point l’éclat ordinaire à l’étain ; ils sont recouverts d’une sorte de rouille grise ou crasse, d’autant plus épaisse qu’ils ont séjourné plus longtemps dans le fond des vaisseaux, dont ils faisaient vraisemblablement le lest…

    Il nous est arrivé de l’étain pur d’Angleterre en petits morceaux ou échantillons pesant chacun entre quatre et cinq onces ; leur aspect annonce qu’ils ont été détachés d’une grosse masse à l’aide du ciseau et du marteau… Les côtés par où ils ont été coupés ont conservé l’éclat métallique, tandis que le côté ou la superficie externe est mamelonnée et couverte d’une pellicule dorée, qui offre assez fréquemment les différentes couleurs de la gorge de pigeon…

    Nous avons trouvé chez un marchand de l’étain pur, qu’il nous assura venir d’Angleterre, et qui en effet ne différait en rien pour la qualité de celui dont nous venons de parler ; cependant il avait la forme de petits chapeaux qui pesaient chacun deux livres… Mais nous savons que les marchands sont dans l’habitude de réduire les gros lingots en petits, pour se faciliter le détail de l’étain. Tels sont les étains qui passent dans le commerce pour être les plus purs ou, ce qui est la même chose, pour n’avoir reçu artificiellement aucun alliage. Recherches chimiques sur l’étain, par MM. Bayen et Charlard, p. 22 et suiv.