« Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/361 » : différence entre les versions

 
(Aucune différence)

Dernière version du 13 mai 2021 à 17:51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont dans un roc dur, dans lequel on trouve quelquefois des cristaux blancs et transparents, qu’on nomme improprement diamants de Cornouailles. M. Jars et M. le baron de Dietrich, qui ont observé la plupart de ces mines, ont reconnu qu’elles étaient quelquefois mêlées de minerais de cuivre[1], et que souvent les mines de cuivre sont voisines de celles d’étain[2] ; et on a remarqué, de plus, que, comme toutes les mines d’étain contiennent de l’arsenic, les vapeurs qui s’élèvent de leurs fosses sont très nuisibles, et quelquefois mortelles[3].

De temps immémorial, les Anglais ont su tirer grand parti de leurs mines d’étain ; ils savent les traiter pour le plus grand profit ; ils ne font pas de commerce, ni peut-être d’usage de l’étain pur ; ils le mêlent toujours avec une petite quantité de plomb ou de cuivre. « Lorsque la mine d’étain, dit M. Geoffroy, a reçu toutes les préparations qui doivent la disposer à être fondue, on procède à cette dernière opération dans un fourneau à manche… On refond cet étain, qui est en gâteaux, pour le couler dans des moules de pierre carrés et oblongs, et c’est ce qu’on appelle saumons… Ces saumons sont plus ou moins fins, suivant les endroits où l’on en coupe pour faire des épreuves ; le dessus ou la crème du saumon est très douce et si pliante qu’on ne peut la travailler seule ; on est obligé d’y mêler du cuivre dont elle peut porter jusqu’à trois livres sur cent, et quelquefois jusqu’à cinq livres. Le milieu du saumon est plus dur, et ne peut porter que deux livres de cuivre, et le fond est si aigre qu’il y faut joindre du plomb pour le travailler. L’étain ne sort point d’Angleterre dans sa pureté naturelle ou tel qu’il a coulé dans le fourneau ; il y a des défenses très rigoureuses de le transporter dans les pays étrangers, avant qu’il ait reçu l’alliage porté par la loi[4]. »

Quelques-uns de nos habiles chimistes, et particulièrement MM. Bayen et Charlard, ont fait un grand nombre d’expériences sur les différents étains qui sont dans le commerce : ils ont reconnu que l’étain d’Angleterre en gros saumons, ainsi qu’en petits lingots, mis dans

    l’étain, se trouvent quelquefois à un ou deux pieds au-dessous de la surface de la terre, le plus souvent disposées en veines entre deux murs de rocher, couleur de rouille, qui ne paraissent avoir que très peu d’affinité avec l’étain. Les veines ont depuis quatre jusqu’à dix-huit pouces environ de largeur, et elles sont le plus souvent dirigées de l’est à l’ouest… Les fosses ont quarante, cinquante et quelquefois soixante brasses de profondeur. Collection académique, partie étrangère, t. II, p. 480 et suiv.

  1. M. le baron de Dietrich, qui a séjourné pendant plusieurs mois en Cornouailles, dit que la nature elle-même a mêlé ensemble le cuivre et l’étain… qu’il n’y a guère que les mines d’étain roulées par les torrents, et celles qui se trouvent dans le quartz granuleux qui renferme du schorl, qui ne soient pas mêlées avec de la mine de cuivre. Journal de Physique, mai 1780, p. 382.
  2. Aux environs de la ville de Marazion, on exploite plusieurs filons de minéral de cuivre et de celui d’étain, à peu près de la nature et dans la même roche schisteuse, nommée killas, que ceux des environs de la ville de Redrath… Il y a aussi des minéraux d’étain dans le granit, entre autres dans le rocher qui compose le mont Saint-Michel, qui n’est séparé de Marazion que par un petit bras de mer : on aperçoit dans ce rocher une fort grande quantité de filons d’un fort bon minéral d’étain…

    On estime le produit en étain de cette province à la valeur de cent quatre-vingt-dix à deux cent mille livres sterling chaque année, et qu’il se vend du minéral de cuivre pour cent quarante mille livres sterling. Observations sur les mines, par M. Jars ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 540 et suiv.

  3. Lorsque la mine est riche, on trouve la veine à dix brasses de profondeur, et au-dessous on trouve une cavité vide ou fente de quelques pouces d’ouverture ; il sort de ces souterrains des vapeurs nuisibles et même mortelles. Collection académique, partie étrangère, t. II, p. 480 et suiv.
  4. Recherches chimiques sur l’étain, par MM. Bayen et Charlard, p. 99 et 100.