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trouvé des débris de végétaux, et même des arbres entiers[1] : elles sont en couches ou veines très voisines, et d’une longue étendue, toutes dans la même direction de l’est à l’ouest[2], comme sont aussi toutes les veines de charbon de terre et autres matières anciennement entraînées et déposées par le mouvement des mers ; et ces veines d’étain courent pour la plupart à la surface du terrain, et ne descendent guère qu’a quarante ou cinquante toises de profondeur ; elles gisent dans des montagnes à couches de médiocre hauteur, et leurs débris, entraînés par les eaux pluviales, se retrouvent dans les vallons en si grande quantité, qu’il y a souvent plus de profit à les ramasser qu’à fouiller les mines dont ils proviennent[3]. Ces veines, très longues en étendue, n’ont que peu de largeur ; il y en a qui n’ont que quelques pouces, et les plus larges n’ont que six ou sept pieds[4] ; elles

    se touchaient presque l’un l’autre, de sorte qu’ils n’en formaient qu’un seul : l’un produisait du minéral jaune de cuivre ou pyrite cuivreuse, et l’autre du minéral d’étain. Le premier était joignant le toit, et le second joignant le mur ou rocher inférieur ; mais en allant dans la profondeur, le minéral de cuivre a cessé, de sorte qu’il ne reste plus que le filon d’étain, qui est fort abondant : cette mine a de cinquante à soixante toises de profondeur.

    À Godolphin-Ball, se trouve la mine d’étain la plus étendue qu’il y ait dans le pays de Cornouailles… La direction des filons est toujours de l’est à l’ouest, comme dans toutes les mines de ce pays, et son inclinaison au nord-est d’environ 70 degrés. Cette mine a, dit-on quatre-vingt-dix toises de profondeur perpendiculaire… On compte cinq filons parallèles sur cinquante à soixante toises d’étendue, mais qui ne sont point exploités également… il n’y a que le principal qu’on exploite en totalité.

    Ces filons sont renfermés dans un granit à gros grains, très dur ; mais il n’en est pas ici comme en Saxe et en Bohême : l’étain ne se trouve jamais réuni et confondu dans cette pierre, mais dans une espèce de roche bleuâtre qui paraît être la matrice générale du plus grand nombre des mines d’étain de Cornouailles. On rencontre communément, le long du filon joignant le mur, ce qu’on nomme le guide : c’est un quartz mêlé quelquefois de mica, lequel le rend peu solide. Le filon consiste lui-même en un quartz fort dur, qui n’est pas toujours parfaitement blanc, mais qui a un œil bleuâtre ; il est réuni à la roche bleue dans laquelle se trouve le minéral d’étain, mais presque toujours en petits grains cristallisés comme des grenats. On y trouve aussi quelquefois du quartz cristallisé en hexagone ; il y a des endroits du filon qui sont très riches, mais fort tendres : ce minéral est parsemé de beaucoup de mica et de petits grains de minéral d’étain, comme de grenats ; ce filon a 2, 3, 4, 5 pieds de large, plus ou moins. Observations sur les mines, par M. Jars ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770.

  1. Voyages historiques de l’Europe ; Paris, 1693, t. IV, p. 104.
  2. Les veines d’étain de Cornouailles ont une direction très étendue, puisqu’on rencontre plusieurs mines d’étain dans les îles de Seilly, qui sont situées dans les mêmes directions et latitude que la province de Cornouailles. M. Jars ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 554.
  3. Dans les environs de la ville de Sainte-Austle, province de Cornouailles, on a travaillé anciennement beaucoup de mines d’étain ; mais il y en a peu en exploitation aujourd’hui, on se contente de prendre les terrains qui sont dans le fond des vallons, et de les laver pour en retirer les morceaux de minéral d’étain qui y sont répandus et dont les angles sont arrondis comme ayant été roulés, et probablement détachés des filons d’étain des montagnes voisines ; ces minéraux d’étain sont répandus dans les vallons sur de grandes étendues ; ils peuvent provenir aussi des détriments ou déblais des mines anciennement exploitées, et qui auront été entraînés et déposés par les eaux de pluie… Il y a toujours des filons sur les éminences voisines, dont le minerai est de la même nature que celui que l’on trouve répandu dans les vallons… Il est si commun dans les mines d’étain que le minéral se présente jusqu’à la surface de la terre ; il y en a qui sont en pierre très dure, mais il y en a aussi près de Saint-Austle qui est en roche très tendre. M. Jars ; Mémoires de l’Académie des sciences, année 1770, p. 540 et suiv.
  4. Merret, qui a écrit en 1678, dit que les pierres du pays de Cornouailles, d’où l’on tire