« Page:Halphen - Introduction à l'histoire, 1948.pdf/23 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 12 mai 2021 à 19:42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tels de ses voisins ou de son irréductibilité à tels autres. En nous aidant à dégager les caractères propres de sa formation et de sa culture, elle nous aide du même coup à préciser son orientation et les possibilités qui en découlent.

Or, en cette matière, tout contre-sens historique se paie : il serait temps de nous en rendre compte.

Nécessaire à l’intelligence du présent, l’histoire ne l’est pas moins à la santé de nos esprits. Notre passion de l’absolu a besoin d’un contrepoids, que l’histoire vient fort à propos lui fournir.

L’histoire ne rend pas sceptique, comme on le dit souvent, mais elle est une merveilleuse école de prudence. Aux outrances de la raison, elle oppose le barrage des faits ; à ceux qui croient détenir la panacée qui guérira la société de ses maux, elle rappelle qu’avant de prescrire un traitement, il convient d’examiner attentivement le malade et de s’informer de ses antécédents. Elle enseigne le relatif et, si l’on peut dire, le « conditionné », tous les faits dont elle traite se commandant les uns les autres et réagissant les uns sur les autres. En bref, elle enseigne la vie, dans sa complexité et ses détours, puisque son domaine est précisément l’étude de tout le passé humain dans sa luxuriante diversité.

C’est peut-être de là que vient la méfiance que beaucoup manifestent à son endroit. En ce siècle où triomphent les sciences dites « exactes », toute discipline non réductible en formules paraît relever de la fantaisie.