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{{AN|{{t|Idoménée raconte à Mentor la cause de tous ses malheurs, son aveugle confiance en Protésilas et les artifices de ce favori pour le dégoûter du sage et vertueux Philoclès ; comment, s’étant laissé prévenir contre celui-ci au point de le croire coupable d’une horrible conspiration, il envoya secrètement Timocrate pour le tuer, dans une expédition dont il était chargé. Timocrate, ayant manqué son coup, fut arrêté par Philoclès, auquel il dévoila toute la trahison de Prolésitas. Philoclès se retira aussitôt dans l’île de Samos, après avoir remis le commandement de sa flotte à Polymène, conformément aux ordres d’Idoménée. Ce prince découvrit enfin les artifices de Prolésilas ; mais il ne put se résoudre à le perdre, et continua même de se livrer aveuglément à lui, laissant le fidèle Philoclès pauvre et déshonoré dans sa retraite. Mentor fait ouvrir les yeux à Idoménée sur l’injustice de cette conduite ; il l’oblige à faire conduire Prolésilas et Timocrate dans l’île de Samos et à rappeler Philoclès, pour le remettre en honneur. Hégésippe, chargé de cet ordre, l’exécute avec joie. Il arrive avec les deux traîtres à Samos, où il revoit son ami Philoclès content d’y mener une vie pauvre et solitaire. Celui-ci ne consent qu’avec beaucoup de peine à retourner parmi les siens ; mais, après avoir reconnu que les dieux le veulent, il s’embarque avec Hégésippe et arrive à Salente, où Idoménée, entièrement changé par les sages avis de Mentor, lui fait l’accueil le plus honorable et concerte avec lui les moyens d’affermir son gouvernement.|90}}}}
{{AN|{{t|Idoménée raconte à Mentor la cause de tous ses malheurs, son aveugle confiance en Protésilas, et les artifices de ce favori, pour le dégoûter du sage et vertueux Philoclès ; comment, s’étant laissé prévenir contre celui-ci, au point de le croire coupable d’une horrible conspiration, il envoya secrètement Timocrate pour le tuer, dans une expédition dont il était chargé. Timocrate, ayant manqué son coup, fut arrêté par Philoclès, auquel il dévoila toute la trahison de Protésilas. Philoclès se retira aussitôt dans l’île de Samos, après avoir remis le commandement de sa flotte à Polymène, conformément aux ordres d’Idoménée. Ce prince découvrit enfin les artifices de Protésilas ; mais il ne put se résoudre à le perdre, et continua même de se livrer aveuglément à lui, laissant le fidèle Philoclès pauvre et déshonoré dans sa retraite. Mentor fait ouvrir les yeux à Idoménée sur l’injustice de cette conduite ; il l’oblige à faire conduire Protésilas et Timocrate dans l’île de Samos, et à rappeler Philoclès, pour le remettre en honneur. Hégésippe, chargé de cet ordre, l’exécute avec joie. Il arrive avec les deux traîtres à Samos, où il revoit son ami Philoclès, content d’y mener une vie pauvre et solitaire. Celui-ci ne consent qu’avec beaucoup de peine à retourner parmi les siens ; mais, après avoir reconnu que les dieux le veulent, il s’embarque avec Hégésippe, et arrive à Salente, où Idoménée, entièrement changé par les sages avis de Mentor, lui fait l’accueil le plus honorable et concerte avec lui les moyens d’affermir son gouvernement.|90}}}}






"Protésilas, qui est un peu plus âgé que moi, fut celui de tous les jeunes gens que j’aimai le plus. Son naturel vif et hardi était selon mon goût : il entra dans mes plaisirs ; il flatta mes passions, il me rendit suspect un autre jeune homme, que j’aimais aussi, et qui se nommait Philoclès. Celui-ci avait la crainte des dieux, et l’âme grande, mais modérée ; il mettait la grandeur, non à s’élever, mais à se vaincre et à ne faire rien de bas. Il me parlait librement sur mes défauts, et, lors même qu’il n’osait me
Protésilas, qui est un peu plus âgé que moi, fut celui de tous les jeunes gens que j’aimai le plus. Son naturel vif et hardi était selon mon goût : il entra dans mes plaisirs ; il flatta mes passions ; il me rendit suspect un autre jeune homme que j’aimais aussi, et qui se nommait Philoclès. Celui-ci avait la crainte des dieux, et l’âme grande, mais modérée ; il mettait la grandeur, non à s’élever, mais à se vaincre, et à ne faire rien de bas. Il me parlait librement sur mes défauts ; et, lors même qu’il n’osait me