« Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/90 » : différence entre les versions

 
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voir un moment et d’être à deux pas de vous : ce goût que j’ai pour vous ne m’a point passé, vous êtes mon idée plus que jamais ; et plus que jamais votre dupe<ref>4. Y a—t-il ici ellipse ou omission du mot ''moi,'' ou de ''je suis'' ? voyez le commencement de la lettre du 30 novembre suivant, et la fin de celle du 10 mars 1693, {{pg}}89, 90, et {{pg}}107.</ref>si vous me trompez. L’abbé Têtu a gagné ce mal : il dit qu’il avoit fermé sa boutique pour l’amitié, mais qu’il la rouvre pour vous, et qu’il n’oubliera jamais la dernière visite que vous lui avez faite la veille de votre départ. J’aime à parler de vous avec lui. Mandez-moi comme se porte votre âme, et de quelle sorte de tranquillité vous jouissez présentement qu’il ne peut plus arriver nul tremblement de terre dans vos affaires. Mandez-moi, je vous supplie, Madame, un petit mot des miennes. La pauvre {{Mme}} de Béthune vient de perdre son mari très-aimable en Suède<ref>5. On lit dans la ''Gazette'' du 31 octobre : On a eu avis de Stockholm que le marquis de Béthune, ambassadeur extraordinaire de France, y étoit mort le 3, après six jours de maladie, étant fort regretté à la cour de Suède. — Voyez tome {{rom-maj|II|}}, {{pg}}54, seconde partie de la note 9. Voyez aussi le ''Journal'' de Dangeau et une longue addition de Saint-Simon, au 25 octobre 1692. — {{Mme}} de Béthune était cousine germaine de la première femme du comte de Guitaut. Elle se retira à Paris à la mort de son mari, et y vécut « tantôt pimpante, tantôt gueusante, avec beaucoup d’esprit, d’humeur, de bizarrerie, et un corps de fer qui est parvenu à quatre-vingt-douze ou treize ans. » (Saint-Simon, ''Journal'' de Dangeau, tome {{rom-maj|IV|}}, {{pg}}190.) Elle mourut le 11 novembre 1728.</ref> ; cette pauvre créature a toujours été livrée aux plus vives passions : elle adoroit son mari, elle en étoit jalouse ; les Furies l’avoient suivie<ref>6. {{Mme}} de Sévigné a écrit par inadvertance : ''suivies.'' — Deux lignes plus loin, elle avait mis d’abord : « senti vos peines, » puis elle a effacé ''senti'', pour écrire ''eu'' au-dessus.</ref>jusqu’en Pologne : ah ! quel état ! Jouissez, Madame, de la paix que Dieu vous fait sentir présentement ; vous avez eu vos peines, vous en avez fait un sacrifice. Dieu sensible au<section end="1344"/>
voir un moment et d’être à deux pas de vous : ce goût que j’ai pour vous ne m’a point passé, vous êtes mon idée plus que jamais ; et plus que jamais votre dupe<ref>4. Y a—t-il ici ellipse ou omission du mot ''moi,'' ou de ''je suis'' ? voyez le commencement de la lettre du 30 novembre suivant, et la fin de celle du 10 mars 1693, {{pg}}89, 90, et {{pg}}107.</ref>si vous me trompez. L’abbé Têtu a gagné ce mal : il dit qu’il avoit fermé sa boutique pour l’amitié, mais qu’il la rouvre pour vous, et qu’il n’oubliera jamais la dernière visite que vous lui avez faite la veille de votre départ. J’aime à parler de vous avec lui. Mandez-moi comme se porte votre âme, et de quelle sorte de tranquillité vous jouissez présentement qu’il ne peut plus arriver nul tremblement de terre dans vos affaires. Mandez-moi, je vous supplie, Madame, un petit mot des miennes. La pauvre {{Mme}} de Béthune vient de perdre son mari très-aimable en Suède<ref>5. On lit dans la ''Gazette'' du 31 octobre : On a eu avis de Stockholm que le marquis de Béthune, ambassadeur extraordinaire de France, y étoit mort le 3, après six jours de maladie, étant fort regretté à la cour de Suède. — Voyez tome {{rom-maj|II|}}, {{pg}}54, seconde partie de la note 9. Voyez aussi le ''Journal'' de Dangeau et une longue addition de Saint-Simon, au 25 octobre 1692. — {{Mme}} de Béthune était cousine germaine de la première femme du comte de Guitaut. Elle se retira à Paris à la mort de son mari, et y vécut « tantôt pimpante, tantôt gueusante, avec beaucoup d’esprit, d’humeur, de bizarrerie, et un corps de fer qui est parvenu à quatre-vingt-douze ou treize ans. » (Saint-Simon, ''Journal'' de Dangeau, tome {{rom-maj|IV|}}, {{pg}}190.) Elle mourut le 11 novembre 1728.</ref> ; cette pauvre créature a toujours été livrée aux plus vives passions : elle adoroit son mari, elle en étoit jalouse ; les Furies l’avoient suivie<ref>6. {{Mme}} de Sévigné a écrit par inadvertance : ''suivies.'' — Deux lignes plus loin, elle avait mis d’abord : « senti vos peines, » puis elle a effacé ''senti'', pour écrire ''eu'' au-dessus.</ref>jusqu’en Pologne : ah ! quel état ! Jouissez, Madame, de la paix que Dieu vous fait sentir présentement ; vous avez eu vos peines, vous en avez fait un sacrifice. Dieu sensible au<section end="1345"/>