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NOTICE

Athènes au début de la guerre du Péloponèse. La présence de cette étrangère à Athènes aux environs de 440 (dix ans avant la peste) établit que, dès sa trentième année, Socrate a puisé à de telles sources son inspiration mystique. Sur un pareil sujet Platon aurait-il, de gaîté de cœur, voulu se rendre coupable d’une mystification aux dépens de son maître ? Non ; Diotime est apparentée à ces prêtres et prêtresses dont il est parlé dans le Ménon (81 ab) et qui, soucieux de rendre raison de ce dont ils s’occupent, ont enseigné à Socrate la doctrine de l’immortalité de l’âme, de ses départs et de ses retours, et la théorie de la réminiscence. Que Socrate, en racontant des entretiens vieux de près d’un quart de siècle, les ait un peu enrichis de ses méditations ultérieures, la chose est sans doute probable : c’est ainsi que Saint Augustin, devenu vieux, a vu dans ses Confessions le fait de sa conversion autrement qu’il ne lui était apparu dans les ouvrages qui ont suivi de peu cet événement.

Mais ce qui rend suspecte la réalité historique de Diotime, n’est-ce pas précisément qu’elle soit sœur des prêtres et prêtresses du Ménon ? Le Phèdre (235 b-d), le Théétète (152 e, 156 a), le Philèbe (16 c) offrent des exemples analogues d’un procédé qui consiste à relier quelque découverte, fût-elle illusoire, à une inspiration mystérieuse, à l’une de ces formes du délire ou de la possession divine et de l’enthousiasme qui produisent les prophètes, les inventeurs de rites expiatoires ou purificateurs^^1, enfin les plus grands poètes (Phèdre 244 a-245 a, Ion 534 cd). Or, si ailleurs on peut voir là simplement un procédé d’exposition, propre à donner un air de solennité à ce qui va être exposé, ici rien n’est au contraire plus immédiatement exigé par le sujet même. — En premier lieu, l’amour est un grand mystère, un mystère au terme duquel nous est promise une révélation dont la portée est immense. Ce thème du mystère domine le discours de Diotime (en particulier 209 e-211 c ; cf. p. 67, n. 4). Mais, au lieu de penser que c’est une Diotime réelle qui a révélé à Socrate cette interprétation mystique de l’élan de l’âme vers

1. Le sacrifice de Diotime est probablement un souvenir du sacrifice fameux par lequel Epiménide, le sage Crétois, aurait, au début du vie siècle, délivré Athènes d’une peste qui sévissait sur la ville (Diog. Laërce I 110 ; Diels Vors. ch. 68, A 1 [II, p. 185, 13 sqq.3).