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LE BANQUET

en combinant les autres indications avec les deux dates extrêmes, on est amené à penser que Platon a voulu placer aux environs de 400 le récit que, d’après Aristodème, fait Apollodore du banquet d’Agathon.


L’historicité
du Banquet

Il y a là, sans nul doute, un luxe particulièrement remarquable de petites touches, destinées à fixer des relations chronologiques. Bien loin d’y voir un des procédés familiers du roman historique, les partisans de l’historicité des dialogues platoniciens estiment que rien au contraire ne saurait mieux prouver la vérité de leur thèse[1] : avec quel soin scrupuleux, disent-ils, l’auteur ne s’applique-t-il pas à compter les étapes successives de la tradition qu’il rapporte et ainsi à faire reculer l’objet de sa relation dans le passé du ve siècle, au temps précis où il doit venir se situer ! C’est ainsi que, dans le Parménide, le nombre des intermédiaires s’accroît d’autant qu’est plus lointaine l’époque à laquelle appartient le fait rapporté. — À propos du Phédon (cf. Notice, surtout p. xx-xxii) j’ai essayé de montrer à quelles difficultés est exposée cette interprétation. Or, malgré les apparences, elle en rencontre de plus grandes encore à propos du Banquet. Certes la réussite des combinaisons chronologiques que je viens d’exposer peut favoriser l’impression de l’historicité. Mais donner une telle impression, n’est-ce pas précisément le but de Platon ? et l’art de réussir de telles combinaisons n’est-il pas le grand secret de ceux qui savent donner à des fictions l’apparence illusoire de la vérité historique ! Parmi les difficultés dont je parlais tout à l’heure, il y en a qui se verront mieux en pénétrant dans l’intérieur même du dialogue. Pour le moment, je n’en veux examiner qu’une seule, celle qui concerne le personnage de Diotime, la prêtresse de Mantinée de qui Socrate déclare tenir sa conception de l’Amour.


Diotime

Comment douter, dit-on, que ce soit un personnage historique ? D’abord Platon la désigne par son nom ; autrement, il aurait dit « l’Étrangère mantinéenne » comme il dit « l’Étranger éléate ». En outre Socrate dit positivement qu’elle a célébré un sacrifice, dont l’effet a été d’éloigner pour dix ans la peste qui décima

  1. A. E. Taylor, Plato, 210 sq., 224 ; cf. 24, 352.