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qu’elle fasse à ses enfants des contes délicieux aussi purs et aussi mystiques que certaines fables des anciens, ou qu’elle nous livre enfin ses impressions des événements politiques, la guerre avec les Japonais ou la révolte des Boxers, j’ai trouvé de l’enchantement à l’écouter.

Prendre une mère toute tendre et tout aimable pour interprète de sa race auprès du genre humain est une idée si surprenante et si juste qu’il est impossible de n’en être pas séduit et comme ébranlé.

Dirai-je ici toute ma pensée ? Si l’auteur nous eût mieux connus, lui serait-il venu à l’esprit d’invoquer le nom et l’être de sa mère, eût-il jamais songé de nous convertir à l’amour universel par le détour de la tendresse maternelle ? Je n’imagine guère un occidental s’avisant de s’adresser aux peuples de la Chine de par le sentiment le plus auguste. On peut méditer sur ceci. Tout ce livre, d’ailleurs, ramène les pensées à l’Europe, à ses mœurs, ses croyances, ses lois, et surtout sa politique... Ici, comme là-bas, chaque instant souffre du passé et de l’avenir. Il est clair que la tradition et le progrès sont deux grands ennemis du genre humain.