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retirant seul par la rue de l’Échelle, est arrêté par deux Brestois. Il décharge des deux mains ses pistolets sur leur poitrine et les tue tous les deux. Le peuple s’empare de lui et le traîne à la place de Grève pour y être immolé. C’était le moment où l’on égorgeait les soixante Suisses. Un mouvement de la foule le sépare des hommes qui l’escortent ; on veut le ressaisir ; il ramasse une baïonnette tombée sous ses pieds, il la plonge dans le cœur d’un garde national qui le tient au collet ; il blesse ou menace tout ce qui s’approche, s’élance dans une maison dont la porte est ouverte, monte l’escalier, sort par le toit, redescend par une autre maison dans une rue de derrière, jette son arme, compose ses traits, et échappe à la vengeance de dix mille bras. Un vieux gentilhomme de quatre-vingts ans, le vicomte de Broves, député à l’Assemblée constituante, blessé au château, et cachant sa blessure, est trahi par le sang qui coule de ses cheveux sur ses joues. Le peuple reconnaît un ennemi et l’immole sur le perron de l’église Saint-Roch.


XIX

Pendant que les débris des forces militaires du château se dispersaient ou périssaient ainsi au dehors, le peuple impitoyable, monté à l’assaut des appartements sur les cadavres des Marseillais et des Suisses, assouvissait sa vengeance, dans l’intérieur. Gentilshommes, pages, prêtres, bibliothécaires, valets de chambre, serviteurs du roi,