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QUATRIÈME PARTIE

— Oui, lui ai-je répondu, je fais de la chaussure.

— Hé bien, voulez-vous nous être utile, voulez-vous être contre-maître à l’atelier de cordonnerie du pénitencier ?

» Depuis ce temps je suis resté ici, mes apprentis m’aiment beaucoup, j’ai fait mon possible pour adoucir leur sort, le supérieur m’a dit qu’ils n’avaient jamais si bien travaillé. Je ne leur ai jamais parlé de religion (ni pour, ni contre). Tu sais le reste. »

Au moment de notre départ du couvent, tous ces pauvres petits gamins sont venus nous dire adieu ; ils m’ont offert un magnifique bouquet que le supérieur leur avait permis de cueillir dans la serre ; plusieurs d’entre eux pleuraient, c’est ainsi que nous quittâmes le couvent.

La ville envahie était animée, il y avait au moins 200 000 hommes ; sur la place principale, autour de la statue équestre de Jeanne d’Arc des sentinelles prussiennes étaient en faction, elles semblaient se mettre sous l’égide de la pucelle d’Orléans. Heureusement que le bronze est insensible, sans quoi la pauvre Jeanne aurait tressailli sur son pied d’estal.

Toute la place était occupée militairement, partout il y avait des campements, un tintamarre épouvantable, une grande quantité d’officiers en brillants uniformes, sur lesquels le soleil se reflétait ; toutes les rues étaient également encombrées, on rencontrait peu d’habitants, ils étaient terrorisés. La ville était rançonnée de 30 000 francs par jour.

Le prince Frédéric-Charles avait établi son quartier