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les forçats du mariage

et de Robert ; car il est telles organisations que ni la raison ni les préceptes ne peuvent modifier.

Marcelle était donc ce qu’elle pouvait être : tendre, constante, exclusive. Robert, au contraire, était une de ces natures fantaisistes, ardentes et mobiles que les obstacles excitent, que la sécurité assoupit.

En achevant la lecture de cette lettre, Marcelle soupira.

— Si je la savais moins bonne, je lui croirais le cœur sec, pensa-t-elle. Elle peut raisonner, parce qu’elle n’aime pas ; moi, je ne puis qu’aimer. Que me parle-t-elle de domination ? Je sens ma faiblesse ; il me faut un appui. Je n’aspire, qu’à me soumettre. Cora a beau laisser entendre que tous les hommes sont mauvais et pervers ; je dis, moi : tous peut-être, excepté Robert. J’espère encore qu’il sera touché et reconnaissant de mon grand amour.

Cependant, chaque jour Robert devenait moins tendre, plus distrait. Marcelle observait avec une terreur croissante ce déclin fatal de son bonheur, déclin si bien prévu par Cora. Maintenant elle souhaitait ardemment de fuir cette campagne, de se jeter dans une vie plus animée, afin de ne plus voir se dresser entre elle et son mari ce menaçant spectre gris, l’ennui.