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anglaise qui semble avoir passé en Irlande aussitôt après la Restauration, et qui était une branche latérale de la maison noble des Berkeley. On dit que Swift, ami de Georges Berkeley, le présenta au comte de Berkeley en ces termes : « Mylord, voici un jeune homme de votre famille. Je puis assurer votre Seigneurie que c’est pour vous un bien plus grand honneur d’être son parent, que pour lui d’être le vôtre. » Ce qui est certain, c’est que l’adolescent montra de bonne heure de brillantes dispositions. Il étudia à Dublin, où les écrits de Boyle, de Newton et de Locke formaient la base de l’enseignement à l’Université. Dès sa prime jeunesse, il conçut les pensées fondamentales de sa philosophie ultérieure. Nous voyons le développement graduel de ses idées dans le cahier de notes (Common-place book) de ses années de jeunesse édité par Fraser dans son excellente biographie de Berkeley (Life and letters of George Berkeley, Oxford, 1871, et plus tard dans le 1er volume de The Works of George Berkeley, Oxford, 1901). Il parvint de bonne heure à la conviction que si la science et la philosophie étaient débarrassées de leurs abstractions vides de sens et de leurs termes obscurs, l’antinomie du savoir et de la croyance disparaîtrait. Il s’efforce de faire remonter les hommes à l’expérience et à l’intuition immédiates. Il veut mettre une fin aussi bien à ce qui reste encore de la vieille scolastique qu’à celle qui a pris la place de l’ancienne. Sa pensée centrale, c’est de démontrer qu’il n’y a pas d’idées abstraites au pied de la lettre. À cette pensée se rattachent intimement ses géniales découvertes ainsi que sa conception personnelle de la vie.

Le premier ouvrage de Berkeley est la New theory of vision (1709) ; il y expliquait que le sens de l’ouïe et le sens du toucher coopèrent à la conception de l’espace, et que l’espace en soi est une abstraction à laquelle ne correspond aucune sensation immédiate. L’année suivante parut son œuvre capitale en philosophie : Principles of knowledge, dans laquelle il commence par critiquer la vieille théorie de l’abstraction pour chercher ensuite à montrer que la notion de matière est une abstraction illégitime et que nous n’avons d’autres objets immédiats de connaissance que nos propres sensations. Nous montrerons ensuite comment de ce point de départ il passe