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quand elle aura supporté des liens trop pesans à l’autre pôle, celui qui nous occupera tout à l’heure. Il a cela pour lui qu’il est conforme aux grandes lois de la nature, quand elle procède par sélection individuelle pour améliorer ses créations, quand elle les extrait, comme disait notre philosophe, « d’un énorme ''caput mortuum'' de matière gâchée. » Depuis trois siècles, les courans généraux ont porté notre occident vers ce pôle. La contrainte du moyen âge avait été trop dure ; la réforme fut le premier tressaillement de l’individualisme. La philosophie du XVIIIe siècle, de Bayle à Condorcet, en inaugura le règne dans les idées et en prépara l’avènement dans les faits. La révolution, abattant les constructions du passé, lui livra la table rase où il allait sortir toutes ses conséquences. Depuis 1789 jusqu’à nos jours, tous les établissemens du siècle ont été marqués au coin de l’individualisme. De grandes et belles forces lui ont dû leur éveil, en attendant que son excès nous apparût comme une cause de faiblesse. Dans l’ordre intellectuel, il s’est manifesté par le romantisme, exaltation du ''moi'' individuel, et enfin par la prédominance de l’esprit critique, qui donne la plus exacte mesure de ses progrès. Pour constater et définir le triomphe de l’individualisme, je laisse la parole à l’écrivain qui eut le don de résumer si clairement toutes ses vues d’ensemble :
quand elle aura supporté des liens trop pesans à l’autre pôle, celui qui nous occupera tout à l’heure. Il a cela pour lui qu’il est conforme aux grandes lois de la nature, quand elle procède par sélection individuelle pour améliorer ses créations, quand elle les extrait, comme disait notre philosophe, « d’un énorme ''caput mortuum'' de matière gâchée. » Depuis trois siècles, les courans généraux ont porté notre occident vers ce pôle. La contrainte du moyen âge avait été trop dure ; la réforme fut le premier tressaillement de l’individualisme. La philosophie du {{s|XVIII}}, de Bayle à Condorcet, en inaugura le règne dans les idées et en prépara l’avènement dans les faits. La révolution, abattant les constructions du passé, lui livra la table rase où il allait sortir toutes ses conséquences. Depuis 1789 jusqu’à nos jours, tous les établissemens du siècle ont été marqués au coin de l’individualisme. De grandes et belles forces lui ont dû leur éveil, en attendant que son excès nous apparût comme une cause de faiblesse. Dans l’ordre intellectuel, il s’est manifesté par le romantisme, exaltation du ''moi'' individuel, et enfin par la prédominance de l’esprit critique, qui donne la plus exacte mesure de ses progrès. Pour constater et définir le triomphe de l’individualisme, je laisse la parole à l’écrivain qui eut le don de résumer si clairement toutes ses vues d’ensemble :